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ALLEMAGNE: POLEMIQUE DES ETRANGERS EN ALLEMAGNE

Polémique sur l'intégration des étrangers en Allemagne

Les débats sur l'intégration des étrangers sont récurrents en Allemagne, un pays où l'identité a connu une rupture depuis la guerre.
Les débats sur l'intégration des étrangers sont récurrents en Allemagne, un pays où l'identité a connu une rupture depuis la guerre.
AFP/Kaveh Rostamkhani
Par Pascal Thibaut

Les débats sur l'immigration ont rebondi durant le week-end avec des déclarations choc de la chancelière Merkel. Les points de vue des responsables de la coalition conservatrice au pouvoir ne témoignent pas d'une vision claire des problèmes et de leurs solutions.

 

« Le modèle multiculturel a échoué, totalement échoué ». Devant les jeunesses chrétiennes-démocrates ce week-end, Angela Merkel, la modérée, a fait une sortie hors du commun en plein débat sur l'immigration et l'intégration des étrangers. Les esprits s'échauffent depuis la publication fin août du pamphlet de l'ex-membre du directoire de la Bundesbank Thilo Sarrazin « L'Allemagne court à sa perte ». Dans le livre devenu un best-seller depuis, le social-démocrate dont son parti veut désormais se séparer, dénonçait les conséquences négatives de l'immigration qui d'après lui n'aurait rien apporté à la société allemande.

Si la classe politique a quasi-unanimement condamné dans un premier temps les déclarations radicales de Sarrazin, elle met entre-temps de l'eau dans sa bière. Les partis ont reçu de nombreux courriers de leurs membres qui sympathisent avec ses thèses ; des sondages sont venus montrer que les Allemands n'y était pas insensibles. Un tiers d'entre eux estime ainsi que leur pays serait submergé par les étrangers. 
Angela Merkel qui avait été une des premières à dénoncer les propos de Sarrazin, conseillant entre les lignes à la Bundesbank de se débarasser de ce trublion politiquement peu correct, a revu sa copie.

A droite, on a longtemps nié que l'Allemagne soit un pays d'immigration

Depuis un mois et demi, la classe politique s'interroge sur les déficits de l'intégration, sur la volonté ou non de certains étrangers d'accepter les valeurs allemandes, le tout sur fond de guerre des cultures soft avec des interrogations sur les dangers de l'islam. Il y a une semaine, le patron des chrétiens-sociaux bavarois, Horst Seehofer, avait ainsi provoqué un tollé en estimant que l'Allemagne ne pouvait plus accueillir d'étrangers venus d'autres cultures, comprenez turque ou arabe. Le même Seehofer avait dit, lui aussi vendredi soir quelques heures avant la chancelière, tout le mal qu'il pensait du modèle multiculturel le jugeant « mort ». Multikulti -dans la version allemande- est devenu presque un gros mot que l'on s'envoie à la figure dans les débats sur l'intégration des étrangers. Créé par une certaine gauche idéaliste qui rêvait d'un modèle dans lequel différentes communautés cohabitent dans le respect de leurs différences, il a montré ses limites en négligeant d'imposer aux personnes concernées le respect de certaines normes et des contraintes en matière d'intégration. A droite, on a longtemps nié que l'Allemagne soit un pays d'immigration ce qui n'a pas facilité l'intégration des étrangers. Horst Seehofer dans un point de vue publié ce lundi 18 octobre 2010 réitère cette thèse aussi crédible que l'affirmation selon laquelle la terre serait plate.

Ces débats sont récurrents en Allemagne dans un pays où l'identité depuis la guerre a connu une rupture et ne peut plus se fonder sur des valeurs historiques liées au peuple ou à la nation, les nazis ayant trop dévoyés ces concepts. L'Europe a longtemps servi d'ersatz. Alors que l'on s'en éloigne depuis plusieurs années, les références régionales ou nationales reprennent le dessus mais les débats ont le hoquet. A droite, beaucoup mettent en avant les valeurs judéo-chrétiennes. Les déclarations du président de la république Christian Wulff, lui-même conservateur, estimant au début du mois que l'islam faisait partie intégrante de l'Allemagne ont provoqué des grincements de dents à droite. 
« Les dérives » du camp conservateur sont condamnées par la gauche. Mais cette dernière a elle aussi des problèmes d'orientation. L'idéalisme d'antan a fait son temps et les propos plus fermes sur la nécessité d'une meilleure intégration voire des sanctions reviennent plus souvent dans les débats.

La place de l'islam en Allemagne

Car les polémiques actuelles comprennent deux dimensions qui ne facilient pas leur compréhension. C'est ce qui transparaissait également dans le discours d'Angela Merkel ce week-end. La chancelière a certes condamné un modèle qui aurait échoué mais, comme le président de la république Wulff, souligné que l'islam avait sa place en Allemagne. Jeudi dernier, les pouvoirs publics ont lancé ainsi des formations pour les immams dans les universités allemandes. Depuis l'arrivée au pouvoir de Merkel, différentes réunions au sommet sur l'intégration et le rôle de la communauté musulmane se sont tenues.

Ce lundi, ce double axe a été à nouveau mis en exergue. Le gouvernement annonce d'un côté son intention de légiférer pour sanctionner à l'avenir certaines pratiques comme les mariages forcés ou ceux qui « sèchent » les cours d'intégration. En même temps, un projet de loi est annoncé qui doit permettre à l'avenir de reconnaître plus rapidement les diplômes des étrangers vivant en Allemagne et dont le potentiel reste inexploité. Les non- ressortissants de l'Union européenne ont souvent d'énormes difficultés et doivent pour survivre accepter des travaux pour lesquels ils sont surqualifiés. Et ce à l'heure où les milieux économiques se plaignent de plus en plus fortement du manque de main d'oeuvre qualifiée (400 000 personnes). La ministre de l'Education et de la Recherche espère permettre à 300 000 étrangers vivant en Allemagne de trouver un travail convenant à leur formation grâce à l'obligation qui serait faite aux administrations de reconnaître les diplômes dans un délai de trois mois.

D'autres réclament l'instauration d'un système comparable à celui utilisé par exemple au Canada avec un mécanisme de points permettant de sélectionner les immigrés pour mieux répondre aux besoins de l'économie. Les experts des problèmes démographiques conscients des besoins de l'Allemagne à terme s'inquiètent toutefois des conséquences des débats actuels qui pourraient dissuader d'éventuels nouveaux arrivants de choisir l'Allemagne. L'OCDE souligne que le nombre d'étrangers qualifiés s'installant dans ce pays reste très bas. Ils étaient ainsi seulement 18 000 en 2008. Et ce alors que ce pays démographiquement en perte de vitesse connaît depuis la moitié des années 1990 un solde migratoire négatif dont la réalité paraît bien éloignée des tonitruantes déclarations de café du commerce de certains politiques. 
 

 
TAGS: ALLEMAGNE - ANGELA MERKEL - IMMIGRATION


14/10/2011
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