« Les élections en cours en République Démocratique du Congo ne doivent pas être considérées comme une question de vie ou de mort. Les élections en Afrique, sont parfois source d’instabilité. Le cas de l’Angola doit interpeller les acteurs politiques de la République Démocratique du Congo.

En effet, en 1992, l’Unita a refusé de reconnaître les résultats des élections. Cet acte a plongé de nouveau le pays dans une guerre qui a pris fin en 2002. Durant dix ans le pays a été détruit, le bilan de cette guerre a été évoqué au début de ce discours.»

Cette unième interpellation des acteurs politiques congolaises est faite par M. Emilio Guerra, l’Ambassadeur de la République d’Angola accrédité à Kinshasa, par le biais de son chargé d’affaires, M. Lufwankenda Alphonse, à l’occasion du 36ème anniversaire de l’indépendance de son pays conquise le 11 novembre 1975.

C’était le salon Congo du Grand Hôtel Kinshasa qui a abrité la soirée y relative. Plusieurs personnalités congolaises y ont pris part aux côtés des représentants de différentes chancelleries basées à Kinshasa.

Tout a commencé par les hymnes nationaux de deux pays. L’Ambassadeur empêche parce que retenu à l’étranger pour des raisons de force majeure, a été représenté par son chargé d’affaires précité.

En effet, l’Angola invite les acteurs politiques congolais à placer les intérêts du pays au-dessus de toute considération purement partisane, afin de préserver la paix durement acquise. 

Notons par ailleurs qu’il a été rappelé à l’assistance au cours de cette cérémonie, que l’indépendance de l’Angola a été arrachée au terme d’une guerre âpre de 14 ans contre le colonialisme portugais qui s’acharnait à considérer l’Angola comme une de ses provinces ultramarines.

A en croire le chargé d’affaires Lufwankenda Alphonse, durant 27 ans, l’Angola a été  victime d’une guerre à deux visages, notamment interne et externe, à cause de son positionnement stratégique, de ses potentialités minières, pétrolières, marines et autres. Ci-après l’intégralité de l’allocution de l’Allocution de l’Ambassadeur.

Discours de M. Emilio Guerre Ambassadeur d’Angola à Kinshasa

Honorables Députés,
Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de Missions Diplomatiques,
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie très sincèrement pour avoir répondu à l’invitation de Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur Emilio Guerra qui m’a demandé de vous transmettre ses excuses pour ne pouvoir pas être avec vous, ce soir, étant retenu à l’étranger pour des raisons de force majeure.

L’Angola fête aujourd’hui le 36ème anniversaire de son indépendance conquise le 11 Novembre 1975.

C’est une indépendance arrachée au terme d’une guerre âpre de 14 ans contre le colonialisme portugais qui s’acharnait à considérer l’Angola comme une de ses provinces ultramarines.

Malheureusement, durant 27 ans 1’Angola a été victime d’une guerre à deux visages, notamment interne et externe, à cause de son positionnement stratégique, de ses potentialités minières, pétrolières, marines et autres.

En Avril 2002, au terme de cette guerre qui a provoqué trois millions de morts, un million de mutilés, quatre millions et 500 mille déplacés internes, 450 mille réfugiés dans des pays limitrophes, et laissé deux millions d’orphelins, l’Exécutif Angolais s’est fixé comme objectif la reconstruction du pays.

C’est ainsi qu’au cours de neuf dernières années, dans la paix retrouvée, l’Angola a enregistré une croissance notable dans les différents secteurs :

Au niveau de la reconstruction des infrastructures de base, on peut signaler :

La réhabilitation de 6.500 kilomètres de routes, la reconstruction d’une centaine de ponts, la réhabilitation des chemins de fer. En 2012/2013, sera terminée la construction du chemin de fer et du port de Lobito, liant l’Océan Atlantique à la République Démocratique du Congo et à la Zambie.

Par ailleurs, l’Exécutif dirigé par le Président José Eduardo dos Santos vient d’approuver le projet de construction du plus grand port du pays à Barra de Dande, une localité située à 60 kilomètres au Nord de Luanda.

Un autre projet en phase finale d’élaboration est la construction d’un pont en eaux profondes dans la localité de Caio, à Cabinda.

En 2012 s’achèvera la première phase du nouvel aéroport International de Luanda, lequel dans sa phase finale aura la capacité pour 15 millions de passagers par an.

Excellences,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,


Le secteur du pétrole et du gaz, générateur de devises, est la principale source du Budget de l’Etat, avec plus de 80% de recettes fiscales, et le grand support des importations angolaises.

Des données publiées par le Fonds Monétaire International, au mois de Septembre passé, indiquent que grâce à la production d’environ 1,9 million de barils par jour l’Angola a été l’un des rares pays au monde qui ont échappé à la récession en 2009, car son PIB a augmenté de 2,4% alors que le PIB mondial était en dessous de 0,7%.

En 2010, la tendance s’est maintenue, dans la mesure où le PIB est monté à 3,4%, même si le scénario économique angolais était caractérisé par une lente récupération des prix du pétrole et par l’effort fiscal pour continuer à consolider les piliers de la stabilité macroéconomique.

C’est ce qui a fait qu’en 2010 les réserves internationales liquides du pays aient monté de l’équivalant de 12 milliards et 600 millions de dollars à près de 17 milliards et 600 millions de dollars et se soient situées, fin juin 2011, à 21 milliards et 400 millions de dollars, ce qui représente une croissance de 23,6% dès le début de l’année.

Excellences,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,


Le dynamisme vérifié dans les secteurs de la construction, de l’agriculture, de l’industrie et des services a rendu évidente la participation grandissante du secteur non pétrolier dans le PIB, avec une croissance de 8,3% en 2009 et 7,8 en 2010, alors que le secteur pétrolier se contrariait (respectivement -5,1 et -3,0%), à cause de la forte réduction du prix du pétrole en 2009 et à la réduction du volume produit en 2010.

Pour 2011, on estime la croissance du PIB dans l’ordre des 3,7%, en dessous de celui prévu dans Budget Général, à cause de la réduction de la production pétrolière par la société BP, pour des raisons techniques, réduction qui, dans l’entre-temps, a été compensée par l’augmentation du prix moyen du baril de pétrole et par une croissance plus accélérée du secteur non pétrolier, compte tenu de l’effet décisif du Programme d’Investissements Publics.

Ces investissements ont été accompagnés de l’élévation du niveau de la dépense du secteur social dans le Budget de l’Etat, qui est passée de 12,7% en 2009 à 34,3 en 2010, condition obtenue, en partie, grâce à la restructuration de la dette dite de courte durée contractée ces deux dernières années.

C’est cette gestion rigoureuse qui a fait que la dette publique globale du pays se situe encore dans la marge des coefficients de sécurité internationalement acceptés, soit par rapport à son volume et ses coûts, soit en ce qui concerne son profil de salaires.

La petitesse de la dette externe, combinée à la récupération des prix d’exportation du pétrole, s’est reflétée dans l’amélioration du solde des Transaction Courantes de la Balance de Payement, qui a évolué avec un déficit de 7 milliards et 572 millions de dollars en 2009 pour ne représenter à peine que 348 millions en 2010.

Ce sont toutes les raisons exposées ci-dessus qui font que l’Angola continue à recevoir de la part de la communauté internationale la reconnaissance de sa solide croissance macroéconomique, certifiée dans les rapports publiés en 2010 par le Fonds Monétaire International et par les trois principales agences internationales de classification du risque de dettes souveraines.

Le projet du Budget de l’Etat pour 2012, en discussion au niveau du parlement est chiffré à 45 milliards de dollars américains, sans déficit.

Excellences,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,


L’Agriculture étant la base du développement, le Gouvernement déploie des efforts pour que tous les Angolais aient à tout moment accès aux aliments de qualité et de variété adéquate, pour qu’ils contribuent au développement humain, économique et social du pays.

En effet, le Crédit Agricole de Campagne a atteint 47 millions de dollars dont ont bénéficié 24 mille petits paysans, résidant dans 68 municipalités de 17 des 18 provinces que compte le pays, ce qui représente l’exécution de 75 % des compromis assumés avec les communautés paysannes.

S’agissant de l’Education, principalement dans le cadre de la réforme éducative en cours, le Gouvernement, continue à s’atteler à l’expansion du réseau scolaire, à l’amélioration de la qualité de l’enseignement et au renforcement de l’efficacité et de l’équité du système d’éducation à tous les niveaux.

Ainsi, de 2002 jusqu’à 2010, la moyenne annuelle d’élèves inscrits dans divers niveaux de l’enseignement a été supérieure à 4.500.000. Rien que de 2010 à 2011, il y a eu une augmentation de 5 72.842 d’élèves inscrits, représentant une croissance de 9,3 %.

Depuis 2008, l’enseignement supérieur a connu une croissance notable, comptant actuellement avec 17 institutions publiques, dont sept universités, 7 instituts supérieurs et 3 écoles supérieures, contre une extension universitaire à l’indépendance du pays.

Excellences,
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,


Aujourd’hui le monde est régi par des contraintes politiques plus humaines et plus démocratiques.

C’est à base de ce préalable, qu’en 2008, l’Angola a réalisé sa première élection législative en temps de  paix. Des résultats de cette élection est sortie la première Constitution angolaise, approuvée en 2010 et qui vient ainsi normaliser le processus démocratique au pays.

Forts de ces acquis, seront organisées les prochaines élections législatives et présidentielles en Septembre 2012. Selon les dispositions de la nouvelle constitution, le premier et le deuxième de la liste gagnante seront proclamés président et vice-président de la République respectivement.

La République Démocratique du Congo, va nous précéder dans cet exercice. C’est au courant de ce mois que les Congolais vont élire leur Président de la République et leurs députés nationaux.

Ces élections ne doivent pas être considérées comme une question de vie ou de mort. Les élections en Afrique, sont parfois source d’instabilité. Le cas de l’Angola doit interpeller les acteurs politiques de la République Démocratique du Congo.

En effet, en 1992, l’Unita a refusé de reconnaître les résultats des élections. Cet acte a plongé de nouveau le pays dans une guerre qui a pris fin en 2002. Durant dix ans le pays a été détruit, le bilan de cette guerre a été évoqué au début de ce discours.

C’est pourquoi, nous invitons les acteurs politiques congolais à placer les intérêts du pays au-dessus de toute considération purement partisane, afin de préserver la paix durement acquise. Pour terminer, je vous demande de lever vos verres et porter le toast à notre santé.

Je vous remercie

Célestin Lutete/MMC