Le conclave est un système électoral qui a été mis en place au XIIIème siècle. Depuis les règles ont un peu évolué mais le principe reste foncièrement le même. Staragora vous explique comment l’élection du 266ème successeur de Saint Pierre va se dérouler. Depuis 10 heures, les 115 cardinaux qui devront élire le prochain pape de l’église catholique romaine sont à une messe Pro Eligendo Pontifice, c'est-à-dire pour l’élection du souverain pontife en la basilique Saint-Pirre. Après cette messe et à partir de 16h30, les cardinaux du monde entier et âgés de moins de 80 ans (à deux exceptions près pour raisons médicales) entreront en procession dans la chapelle Sixtine. Ils seront enfermés à clef (cum clave en latin, d’où le nom de conclave) et c’est à ce moment là qu’ils auront le droit et le devoir d’élire le prochain pape.

Les cardinaux enfermés cum clave dans la chapelle Sixtine

Une fois dans la chapelle Sixtine, ils s’installent aux places qui leurs sont attribuées sous la voute figurant la création peinte par Michel Ange. Une fois les cardinaux assis, le préfet de la Maison pontificale ferme les portes de la chapelle avec un cadenas. Les cardinaux ne pourront ressortir du lieu sacré que lorsqu’ils auront élu le nouveau successeur de Pierre. Les cardinaux prêtent alors serment. Le doyen lit à haute voix un texte affirmant que le Collège Sacré suivra fidèlement les prescriptions faites par Jean-Paul II, qu’il gardera le secret de tout ce qui concerne le conclave et qu’il ne favorisera pas les ingérences, les oppositions et les groupes qui voudraient prendre part à l’élection d’une manière ou d’une autre. Chacun des cardinaux doit ensuite s’engager à suivre tout ce qui est mentionné dans le texte lu. Après cela, il pose sa main sur l’Evangile et déclare : "Que Dieu m'y aide, ainsi que ces saints Évangiles que je touche de ma main." Une fois que le dernier cardinal a prêté serment, les gardes suisses se postent devant toutes les issues de la chapelle Sixtine pour empêcher quiconque d’entrer ou de sortir. Par ailleurs, les réseaux de téléphones portables et internet sont brouillés. Aucune fuite d’information n’est possible.

Une élection qui peut parfois être très longue

Des bulletins de votes sont remis aux électeurs. Ils portent la mention Eligo in Summum Pontificem (Je choisis pour Souverain Pontife. Les cardinaux doivent inscrire en dessous de ces mots le nom du futur pape. En déposant leurs bulletins dans l’urne (un calice), les cardinaux prêtent une nouvelle fois serment devant Dieu. Lorsque tous les électeurs ont voté, un scrutateur compte les bulletins. S’il y a autant de bulletins de votants, il passe au dépouillement. Les noms des cardinaux qui ont obtenu des voix sont dits à voix haute et le nombre de voix pour chacun d’entre eux est compté. Une fois lu, les bulletins sont enfilés les uns après les autres sur un fil passant au milieu du mot Eligo. Lorsque la guirlande est complète, elle est nouée à ses deux extrémités et placée dans un vase. Si l’un des cardinaux a obtenu deux tiers des voix (77 voix pour ce conclave), il est élu. Les bulletins et les notes des électeurs sont alors brulés dans le poêle de la chapelle Sixtine après ajout d’un fumigène donnant une couleur blanche à la fumée. Dans ce cas, les cloches de Saint-Pierre retentissent. Si aucun cardinal n’a obtenu suffisamment de voix pour être élu, les bulletins et les notes sont brulés de la même manière mais avec un fumigène donnant une couleur noire. Les cloches ne sonnent pas. Les cardinaux doivent revoter. Au bout de trois jours, à raison de deux scrutins par demi-journée, si aucun cardinal n’a obtenu deux tiers des voix, le Collège Sacré fait une pause d’une journée maximum. Ce temps est consacré à la prière et à la discussion. Après cela ils revotent. Si sept tours plus tard, le nouveau pape n’a toujours pas été élu, une autre suspension est faite. Là encore si sept scrutins n’ont pas suffit, les cardinaux repartent en prière avant de revoter. Si cette nouvelle série de votes ne permet pas de connaître le nom du cardinal élu, le processus est alors bouleversé. La majorité absolue devient règle et en général, il n’y a plus que deux candidats en lice, les deux qui ont obtenu le plus de voix lors des scrutins précédents.

Première apparition du nouveau pape sous les acclamations

Une fois élu, le doyen demande au futur pape s’il accepte son élection et de quel nom veut-il être appelé. Le nouveau pape se rend alors dans une pièce poche de la chapelle Sixtine appelée la Chambre des larmes. Il est ensuite habillé avec une soutane blanche et ré-entre dans la chapelle pour recevoir sa calotte blanche. Les cardinaux non élus s’approchent du nouveau souverain pontife pour lui promettre obéissance.

Sur la place Saint-Pierre, les fidèles ont entendu les cloches et vu la fumée blanche sortir de la chapelle Sixtine, ils attendent de voir le nouvel Évêque de Rome. Le premier des cardinaux-diacres ouvre le rideau rouge placé à la fenêtre centrale du Vatican depuis le début du conclave et annonce : Annuntio vobis gaudium magnum! Habemus Papam (Je vous annonce une grande joie ! Nous avons un pape). Toujours en latin, il donne le nom du cardinal élu ainsi que son nom de pape. Le pape se présente devant la foule à la fenêtre et fait sa première bénédiction urbi et orbi du balcon. Il est acclamé par les fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre.

Pour le conclave qui nous intéresse plus particulièrement, le premier vote aura lieu dans l’après-midi du mardi 12 février et tous les regards seront tournés vers la cheminée de la chapelle Sixtine à 19 heures, au moment où la première fumée, blanche ou noire, sortira du conduit.

Cette élection particulière fait suite à la renonciation de Benoît XVI, un évènement rare dans l’église catholique Romaine. Les cardinaux ayant été prévenus le 11 février dernier qu’ils allaient entrer en conclave, on peut imaginer qu’ils sont plus préparés au vote que d’habitude et donc que celui-ci sera plus rapide. Une rapidité qui pourrait être due à l’existence d’une liste de favoris. Certaines sources proches du Vatican ont en effet affirmé que six noms sortaient du lot pour ce conclave. Cela dit, un adage dit que celui qui entre pape au conclave en ressort cardinal. Rien n’est donc joué d’avance et comme tout le monde le sait, les voix du Seigneurs sont impénétrables.

Sarah-Louise Guille

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