Les activités à forte valeur ajoutée identifiées par le chef de l’Etat réélu après les élections du 28 novembre pour faire de la RDC un pays émergent : l’agriculture, les mines et les hydrocarbures. Un pari difficile !

Joseph Kabila se propose de conduire la République démocratique du Congo, à pas de charge vers l’émergence. Un pari que le président de la République, durant son deuxième mandat, promet de relever. Cinq années, c’est beaucoup, mais ce n’est guère suffisant pour réussir pareil défi.

Qu’à cela ne tienne, le président Kabila note que, pour lui, « l’agriculture doit rester l’assise principale de la marche vers la modernité ». Pour le chef de l’Etat, le plus important est d’assurer l’autosuffisance alimentaire aux Congolais. L’avantage indique un économiste est de réaliser de substantielles économies de devises. Selon cet économiste, la RDC dispose mensuellement de plus de 20 millions USD pour des importations diverses en denrées de première nécessité.

Le président Kabila se propose de motiver et d’encadrer tous ceux qui prendront le pari de participer aux efforts afin de faire « manger congolais » aux habitants de la RDC. Un marché potentiellement rentable dans la mesure où, il s’agirait de nourrir près de 70 millions d’êtres humains. La démarche de Joseph Kabila tombe bien à propos.

Toutefois, il ne pourrait donner satisfaction que si des mesures courageuses d’accompagnement sont engagées, notamment en faveur du secteur privé. Un handicap pour la RDC, classée souvent aux dernières loges des classements « Doing business ».

En 2011, la RDC n’était pas considérée comme un pays favorable à l’exercice des affaires. Les efforts entrepris par le gouvernement n’ont donc pas porté. L’heure est venue pour la rectification des tirs, dans le but de traduire réellement en actes les intentions du nouveau chef de l’Etat.

Par ailleurs, Joseph Kabila ne se limite pas seulement à « manger congolais ». La reconquête « des parts du marché perdues des produits tropicaux » constitue une stratégie de plus pour atteindre l’objectif fixé.

Mines et hydrocarbures : encore des réformes. Ce secteur, considéré depuis des lustres, comme la principale source de revenus au bénéfice du Trésor public, le président Kabila compte initier notamment la révision « de certaines dispositions du Code minier ». Dix années après sa mise en œuvre, des recadrages s’imposent. Plusieurs faiblesses étaient constatées dans son application.

Désormais, il ne serait plus autorisé d’exporter des minerais extraits du sous-sol congolais à l’état brut. Tous les produits – cuivre, cobalt, diamant, coltan… – devront subir un minimum de transformation avant de quitter les frontières nationales.

De même, le secteur des hydrocarbures, l’autre support de la révolution de la modernité, sera soumis à la même rigueur. Pour les cinq années à venir, un accent sera mis particulièrement pour que la RDC quitte les étapes d’exploration et de recherche pour l’exploitation effective du potentiel existant. 

Des défis persistent 

Les simples discours du président réélu ne suffisent pas. D’autres défis, et non des moindres, jonchent la mise en application de cette révolution de la modernité. Il s’agit du défi sécuritaire et de la réforme de l’administration. Le président Kabila en est conscient.

Aussi, compte-t-il associer le secteur privé dans cette entreprise. Dans ce cas, il faut des actions susceptibles d’attirer des investisseurs. Une lutte clairement engagée contre la corruption et ses corollaires est de nature à rassurer davantage des opérateurs économiques ayant pignon sur rue en lieu et place des prédateurs, prompts à délier le cordon de la bourse pour le paiement des commissions occultes.

L’encouragement voire la création d’une classe moyenne devrait constituer également un élément crucial dans cette marche à pas forcés vers la modernisation. Le plan d’industrialisation à mettre en place avec le concours du secteur privé ne réussira que si l’administration cesse de s’ériger, légalement, en obstacle sur la voie qui conduit au développement.

L’entrée en vigueur de la TVA ainsi que l’adhésion à l’OHADA, bien que non évoquées, seront des temps forts de cette marche en direction de l’émergence. Agir autrement laisserait ces idées innovantes du président nouvellement élu dans les placards des discours protocolaires.

Le gouvernement qui sera mis en place, très prochainement, aura la lourde tâche de traduire en actes cette nouvelle politique économique. 

Bienvenu Marie Bakumanya/Le Potentiel