On ne le répètera sans doute jamais assez, la forêt congolaise est le deuxième poumon de la planète après l’Amazonie. Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), elle est capable d’absorber quatre ans de gaz carbonique de toute la planète.

Le directeur du PNUE, Achim Steiner, est venu expliquer aux autorités congolaises qu’elles sont assises sur un tas d’or pour peu que cette forêt soit protégée et valorisée en crédits carbone : « Entre aujourd'hui et 2030, la RDC peut gagner chaque année jusqu'à 900 millions de dollars ».

Face à ces perspectives mirobolantes, le ministre congolais de l’Environnement préfère garder la tête froide et les pieds sur terre. Faire de la conservation, c’est possible à condition de lutter contre la pauvreté sinon on ne pourra jamais empêcher les gens de couper des arbres pour leur bois de chauffe, soutient José Endundo.

Le ministre estime que la communauté internationale doit aider le Congo à produire de l’énergie hydro-électrique avec son fleuve géant. Quant aux crédits carbone, c’est très bien dit José Endundo, « à condition qu’ils arrivent : il n'est pas possible qu'après Copenhague [Conférence de Copenhague sur le climat 7-18 décembre 2009, NDLR] on passe deux ans à discuter sur la structure financière des mécanismes de lutte contre le changement climatique et donc aussi de lutte contre la pauvreté ».

Le message adressé par le président Joseph Kabila au forum insiste, lui aussi, sur la nécessité d’accélérer les financements de la lutte contre le réchauffement. En République démocratique du Congo, rien n’est gratuit, et surtout pas l’air de la forêt.

La RDC dispose de 145 millions d'hectares de forêts tropicales, la moitié des forêts d'Afrique et des ressources en eau. Près de 40 millions de Congolais dépendent directement de la forêt pour leur alimentation (1,7 million de tonnes de viande de brousse), leurs plantes médicinales ou l'approvisionnement en énergie. 190 espèces de ces forêts sont classées comme étant en danger critique d'extinction, en danger ou vulnérables.

Le pays a la plus importante main-d'oeuvre d'exploitation minière artisanale au monde, estimée à 2 millions de personnes. Mais le manque de contrôle, précise le rapport du PNUE évoqué au cours du forum de Kinshasa, contribue à la dégradation des terres et à la pollution. Quelque 15 tonnes de mercure sont utilisées chaque année, faisant du pays la deuxième plus importante source d'émissions de mercure en Afrique. Sur cette activité artisanale se sont greffées de petites entreprises qui, elles aussi, échappent aux normes du travail et environnementales.