Interviewé par Colette Braeckman le 30 novembre 2011, Tshisekedi révèle que  « Les voix récoltées par Kamerhe au Kivu, cela ne me concerne pas. Avant-hier, il est venu ici et j’ai refusé de le recevoir…». Bien qu’adressée au président national de l’Unc, cette déclaration est une bavure politique énorme, car ces voix-là sont d’abord celles du peuple congolais. Elle doit être dénoncée rapidement…
 
La haine de Vital Kamerhe à l’égard de Joseph Kabila le rattrape. L’initiateur de la tactique d’encerclement du Candidat n°3 récolte en définitive ce qu’il a semé : du leader qui se voulait national, il se réduit au leader ethno tribal d’une partie du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ! 
 
Il se voulait le « Lula » de la RDC, pays immense de 2.345.000 km2 pour 65 millions d’habitants, doté de ressources naturelles comparables à celles du Brésil.  

Par rapport au processus électoral, il a cru trouver la recette pour empêcher Joseph Kabila non seulement de se succéder à lui-même, mais aussi et surtout de jouer quelque rôle politique au cours du quinquennat 2011-2016. Il s’agit de la stratégie d’encerclement. Pour ce faire, il se fait le promoteur attitré de l’union et de l’unité de l’Opposition qu’il a pourtant rejoint tardivement. Pour être précis, la veille de la sortie officielle de son parti, l’Unc, car c’est à cette date qu’il a été déposer sa lettre de démission du Pprd.

A peine entré dans la famille politique à laquelle il était censé ne pas appartenir, il a commencé à « garder sa main tendue à l’Udps », jusqu’au jour où Tshisekedi va lancer le missile destructeur en déclarant, à propos de la rencontre de Washington, que « Kamerhe m’a donné un faux rendez-vous ».

Dans le Grand Kasaï, cela doit avoir résonné comme un « blasphème ».  Ceci à l’intérieur. A l’extérieur, il a parcouru les pays d’Europe et d’Amérique du Nord pour promouvoir l’alliance Atlantique au détriment de l’alliance Océanique/Pacifique.

Il a voulu jouer, à cet effet, la carte « Occident euro-américain » contre la carte « Orient sino-indien » dans un monde où les intérêts américains, britanniques, français, allemands, nippons, chinois et indiens se télescopent de moins en moins pour se compléter de plus en plus.

Ce qui devrait arriver est effectivement arrivé : visiblement moins soutenu par ses parrains occidentaux, Vital Kamerhe, qui a cru isoler Kabila à l’Est, s’est lui-même isolé au Centre et à l’Ouest. 

Tout le monde venait de l’entendre déclarer le 18 novembre 2011, juste après l’étape de Kisangani : « Moi, je vais faire qu’il échoue lamentablement ici à l’est. Tshisekedi va faire qu’il n’ait aucune voix dans les deux Kasaï. Tshisekedi et moi, Jean-Pierre et Thomas Lubanga, même étant loin, allons donner des mots d’ordre pour qu’il n’ait aucune voix. C’est la stratégie de l’encerclement».

Contrairement à ce stratagème, le candidat n°3 a sensiblement amélioré sa représentativité au Centre et à l’Ouest, comparativement au scrutin de 2001. A l’Est, il est en train de réaliser un score au-delà du plancher sous lequel le président de l’Unc voulait le placer, révèlent les premières projections.

Saisi de panique, Vital Kamerhe a eu en l’espace de 24 heures deux réactions qui le discréditent totalement. Première réaction, le 29 novembre 2011 : il en a appelé à l’invalidation des élections en qualifiant d’ailleurs celles-ci d’« élections de la honte » ! Et voilà que le 30 novembre 2011, il s’est ressaisi en adhérant au maintien du scrutin, malgré ses ratages, au motif que selon les dernières projections qui lui sont parvenues de ses témoins, il était virtuellement vainqueur !
 
Président figurant ?
 
En fait, Vital Kamerhe, à l’instar de Léon Kengo et d’Antipas Mbusa (François Joseph Nzanga Mobutu ne s’est pas jusque-là formellement prononcé), se savait mal placé pour critiquer avec tant de véhémence le bilan Kabila. 

Autant celui de la Transition (2001-2006) que celui de la première mandature de la IIIème République (2006-2011). Pour la bonne et simple raison que même en démissionnant formellement du camp présidentiel en 2011 après avoir rendu le tablier de speaker de l’Assemblée nationale en mars 2009, il n’en reste pas moins évident qu’il a passé huit ans aux côtés du Président de la République.

Les huit premières années de ce dernier. Comme Etienne Tshisekedi qui a passé les 22 premières années de sa carrière aux côtés de Mobutu. 

Or, si le bilan de Kabila peut se réduire (juste une image) à l’eau, on ne peut tout de même pas dire qu’il y avait de l’eau à profusion entre 2001 et 2009, et que c’est seulement après son départ du bureau de la chambre basse ou du Pprd que ce précieux liquide a soudain disparu du robinet !

En refusant d’assumer sa part de responsabilité dans ce bilan (commentant le discours de Kingakati, il avait lancé la vilénie selon laquelle ce n’est pas lui qui avait été élu en 2006 mais plutôt Kabila), il s’est coupé de toute estime de la part des présidentiables comme Tshisekedi et Kengo. 

Car, il leur signifiait subtilement qu’il n’assumerait pas leur bilan dans la perspective d’un ticket dont il serait le 1er ministre.

Il faut admettre que, plus d’une fois, son nombrilisme, nourri de haine à l’égard de Joseph Kabila surtout au cours de cette année 2011, a été dénoncé.

Car c’est un nombrilisme porteur de germes de dictature, les mêmes germes qui ont fait faire à Etienne Tshisekedi toutes les erreurs jusque-là commises, erreurs alimentées par le mépris à l’égard, successivement, de Mobutu, Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila, mais aussi d’autres personnalités politiques aussi bien de l’Udps et de l’Opposition que du Pouvoir. 

La dernière manifestation de mépris est dans l’interview du 30 novembre 2011 à Colette Braeckman. En alignant ses réponses, voici la perle qui en ressort, s’agissant du poste de Premier ministre : « Comment pouviez-vous, avant  les élections, exiger le poste de Premier Ministre sans même savoir combien de députés vous alliez avoir au Parlement ? En politique, il n’y a pas de cadeau, il faut savoir combien chacun pèsera…(…) », déclare le lider maximo. 

Commentant la campagne électorale des « primaturables », Tshisekedi ajoute : « lors de leurs meetings, ils n’arrivaient même pas à réunir 50 personnes, c’est pour cela qu’ils veulent faire annuler le scrutin. J’ai toujours exclu de choisir parmi eux un Premier Ministre, et maintenant moins que jamais… ». 

Le fin du fin, il le réserve à Vital Kamerhe et à Léon Kengo : «  j’ai toujours refusé cette idée qui venait de chez vous, selon laquelle pour l’emporter l’Opposition aurait dû s’unir. Ce n’est pas cela que le peuple veut. Unanimement, il veut le changement…  (…), ils n’ont qu’une ou deux voix, celle de leur femme, de leurs enfants… Les voix récoltées par Kamerhe au Kivu, cela ne me concerne pas. Avant-hier, il est venu ici et j’ai refusé de le recevoir… Cela ne me dit rien…Quant à Kengo wa Dondo, il  fait partie de ces hommes que j’ai toujours combattus…». C’est assez clair.

C’est vrai que dans cette interview, Etienne Tshisekedi a commis une bavure : sous-estimer ou banaliser les centaines de milliers de voix kivutiennes favorables à Kamerhe alors qu’il s’agit de voix congolaises ! C’est une déclaration à condamner déjà, car elle ne peut être le fait d’un homme d’Etat, et surtout pas d’un présidentiable convaincu de gagner l’élection du 28 novembre 2011 !

Mais, si ces voix-là sont aujourd’hui méprisées par le lider maximo, c’est d’abord par la faute de Vital Kamerhe qui a cherché à les « marchander » dans son stratagème irrationnel d’éliminer par tous les moyens Joseph Kabila.

Maintenant que le mal est fait, tout ce qui reste au président national de l’Unc – déjà non candidat à la députation nationale – c’est de réaliser à ses dépens que s’il ne détient aucun mandat électif, il risque de rejoindre dans le rôle de président figurant un certain Azarias Ruberwa, reconverti au moins à son métier d’avocat conseil ! Principal perdant des élections du 28 novembre 2011, à quel métier va-t-il alors se reconvertir, lui ?
 
Omer Nsongo die Lema/CP