Les Africains vivant en dehors de leur pays d’origine bougent. En 2009, malgré une légère diminution des transferts officiels d’argent de la Diaspora africaine vers les pays d’origine, rien ne modifie la tendance de fond d’une croissance régulière. Jugez seulement : 3,2 milliards de $US en 1995, contre 20,7 milliards de $US en 2009 1. Ceci ne représente toutefois que moins de la moitié de la réalité des transferts, l’essentiel se faisant dans l’informel afin d’éviter les ponctions des sociétés financières d’intermédiation.

 

Pour ce qui est de la zone franc, il s’agit simplement d’une discrimination et d’une illégalité. En effet, cette zone est intégrée à la zone Euro où les transferts sont en principe gratuits. Malheureusement, la Diaspora africaine a beaucoup de mal à s’organiser pour défendre ses intérêts collectifs. Encore faut-il être conscient de ses intérêts stratégiques collectifs ! Aussi, au lieu de se battre pour supprimer cette discrimination financière à savoir le fait de payer pour transférer de l’argent en zone franc, certains ont choisi de renforcer le système, en créant eux-aussi des systèmes de transfert d’argent à moindre coût, croyant ainsi soutenir la compétition et contribuer à réduire les coûts de transferts. En réalité, il n’en est rien.

Les objectifs géoéconomiques de suppression de la discrimination financière en zone franc qu’offrent les transferts d’argent ne semblent donc pas constituer un terrain d’engagement collectif.  Près de 30 % au moins de l’épargne des Africains de l’étranger est simplement ponctionnée par ceux qui savent flairer les asymétries de marché. Alors que ce service de transfert d’argent en zone franc aurait dû être gratuit.

Les familles africaines reçoivent de leurs parents travaillant à l’étranger de l’épargne ponctionnée. C’est ainsi qu’en 15 ans en toute inconscience, la Diaspora africaine a transféré près de 30 % de son épargne à des sociétés d’intermédiation… Tout ce que cela aurait pu faire pour l’amélioration du bien-être de ceux qui sont restés au pays !

En réalité, les économies qui offrent des opportunités d’emplois attirent toujours les migrants africains. Entre 1995 et 2010, l’Afrique a perdu entre 749 000 et 1,8 million d’individus au profit des pays présentant de meilleures opportunités économiques et démocratiques. Les femmes sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à aller chercher leur bonheur ailleurs 2.

Ces derniers temps, de nombreux étudiants du Portugal choisissent à plus de 35 % de s’installer en Angola quel qu’en soit le prix. il faut bien conclure que dès lors que les opportunités sont en Afrique, la migration sud-nord se transforme en migration nord-sud. L’obtention des cartes de séjour pour s’installer en Guinée Equatoriale ou en Angola constitue un véritable parcours du combattant, sauf que dans ces pays, la politesse reste de rigueur et il n’y a pas de comportements anti-occidentaux.

Face à cela, il faut constater et louer le changement stratégique des Africains migrants qui se tournent de plus en plus vers les pays émergents comme la Chine, le Brésil ou l’Afrique du Sud. Mais le retour des individus d’ascendance africaine (Etats-Unis, Antilles par exemple) vers des pays qui ne sont pas nécessairement leur pays d’origine, commence aussi à prendre de l’ampleur. Peut-être que c’est cela, l’émergence de l’intégration panafricaine. Il suffit que les autorités africaines acceptent de nommer des ministres et des fonctionnaires africains non-nationaux à des hautes fonctions pour que le mouvement s’amplifie rapidement, notamment dans le secteur privé. C’est faire preuve d’une intelligence collective. YEA.