Pendant qu’à Kinshasa, on annonce avec fracas le déclenchement imminent de la grande offensive des Forces Armées Congolaises contre les troupes rebelles de l’ex-général CNDP Bosco Ntaganda et ses acolytes Makenga et compagnie, certaines radios périphériques évoquent avec insistance des négociations comme seule et véritable piste qui mènerait à une paix durable dans l’Est de la Rdc. Or, pour Joseph Kabila Kabange, président de la Rdc, il est hors de question de négocier quoique ce soit avec qui que ce soit, parce qu’il faut absolument arrêter Bosco Ntaganda et mettre un terme à l’exode massif des Congolais qui, par grappes humaines, franchissent nos frontières et vont trouver refuge au Rwanda, en Ouganda ou au Burundi voisins.

Les bons offices rwandais ?

Le gouvernement du Rwanda, à travers son ministre de la Défense James Kabarebe bien connu en Rdc où il avait même occupé des fonctions hautement stratégiques de chef d’Etat major général des FAC sous Mzee Laurent Désiré Kabila, veut amener la Rdc à trouver une solution négociée avec un général congolais devenu rebelle. Comme si cela ne suffisait pas, la ministre des Affaires étrangères du Rwanda propose ses bons offices pour négocier plus d’une fois la paix au Nord Kivu. Et ce, sur les ondes d’une radio étrangère.

Kigali offre donc sa médiation entre le pouvoir congolais et la nouvelle rébellion du M23 dirigée par le colonel Makenga ex-CNDP (ancienne rébellion du Congrès national pour la défense du peuple). Des bons offices qui devraient aussi être profitables au général fugitif Bosco Ntaganda recherché par la CPI (Cour pénale internationale) et accusé par Kinshasa d’être à la base de l’actuelle situation que connaît la province du Nord-Kivu. Le prétexte trouvé, c’est le fait que les populations meurtries et en errance fuient leurs champs et leurs villages pour trouver refuge au Rwanda, au Burundi ou en Ouganda. Ce qui risque de devenir une source de tracas pour les pays hôtes, et déstabiliser ainsi toute la région.

En effet, leur présence massive peut entraîner des effets collatéraux, notamment en cas d’épidémies favorisées par la nocive promiscuité, les infiltrations tant redoutées par Kigali, le surpeuplement, ... L’opinion congolaise est désemparée et se pose un tas de questions. Ne s’agit-il pas là d’un saupoudrage ou encore d’une façon de se livrer à un jeu de cache-cache devant consacrer plus tard un autre jeu de passe-passe ? Parce que pour l’instant, les Fardc semblent avoir mis toutes les batteries en marche pour mâter l’insurrection. Aux dernières nouvelles, l’étau se resserre autour de Ntaganda et ses hommes.

Les localités jadis « conquises » comme Chanzu ont été récupérées après d’intenses combats suivis du pilonnage des hélicoptères des Fardc, notamment sur les collines de Runyonyi. Bosco Ntagandaserait repéré et sa capture ne serait plus qu’une question d’heures. Pour la hiérarchie congolaise, il ne devait se poser que le problème du transfèrement de Ntaganda à la CPI. La volonté de quiconque proposerait ses bons offices pour ramener la paix au pays mérite une particulière attention. On ne négocie pas en position de force. Le pire à dénoncer, c’est toute tentative suscitée dans le sens contraire. L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on.

Pourquoi négocier ?

Pourquoi les officiels rwandais s’acharneraient-ils à trouver des solutions aux problèmes congolo-congolais, comme ils le reconnaissent du reste ? Comment peut-on chercher à humilier l’armée d’un grand pays comme la Rdc et la contraindre à négocier avec un insurgé à peine soutenu par une poignée d’hommes armés ? Hier, c’était le cas avec Laurent Nkundabatware qui a le seul mérite d’avoir fait couler un océan de sang. Nkunda s’est dilué dans la nature, sous la calotte rwandaise. Et plus personne n’en parle. C’est vraiment curieux. 

Aujourd’hui, le même scénario refait surface. La vérité est que le pauvre paysan, le pauvre pasteur (gardien des troupeaux) est victime de la richesse abondante de son sol et de son sous-sol. Pour autant que celle-ci soit justement distribuée. L’autre vérité est que les sociétés multinationales, ces véritables vampires, profitent toujours de cette situation pour exploiter illicitement et sans scrupule les minerais tels que le coltan, l’or, la cassitérite, le wolframite… Qui servent à financer les groupes armés et autres anarchistes de tous bords.

Les mêmes multinationales ont toujours eu des idées de balkaniser le pays notamment l’Est avec le concours de certains fils égarés de la République. C’est pourquoi, les dirigeants du pays et les citoyens de la République doivent ouvrir l’œil et le bon pour que ces velléités de balkanisation soient étouffées dans l’œuf. Déjà, une source digne de foi nous a révélé qu’elles ont déjà conçu la configuration du Congo balkanisé.

Une nouvelle distraction à la rwandaise

Chaque fois que des initiatives sont prises au niveau de Kinshasa pour en découdre avec une situation incommode dans la partie Est, la réaction de Kigali ne se fait pas attendre. D’aucuns disent à propos que chaque fois que Kinshasa tousse, c‘est Kigali qui crache. Ce n’est pas l’histoire qui en dirait le contraire. Le peuple congolais n’est pas dupe et il sait bien qu’au-delà de toute relation dite bilatérale entre le Rwanda et la Rd Congo, c’est une grosse anguille sous roche. 

Kigali n’a jamais joué franc jeu dans l’insécurité toujours décriée dans la partie kivusienne. Et, en présumé tireur de ficelles averti, le pouvoir de Kigalijoue au yoyo et se recommande seul aux couleurs d’extincteur et de sable du sapeur-pompier, toujours à temps, pour maîtriser la barre de dossier et embraser sans autre forme de procès ce qui méritait d’être sauvegardé sans lui.

A travers l’Assemblée nationale qui soutient fermement la volonté du chef de l’Etat de mettre définitivement hors d’état de nuire toute la lignée de Nkundabatware et autre Ntanganda afin que les autochtones puissent jouir des richesses de leur pays, c’est à l’état-major de battre un véritable rappel des troupes et en arriver à bout. Le gouvernement qui sait bien qu’aucun de ses objectifs ne sera atteint tant que la partie Est sera constamment à feu et à sang saura mettre des bouchées doubles dans cette « bataille intériste »’ pour mettre hors d’état de nuire tout malveillant.

Ne pas tomber dans le piège

Le Vice-premier ministre et ministre en charge de la Défense nationale et des Anciens combattants a du pain sur la planche dans cette affaire. Il est sérieusement mis à l’épreuve face à cette situation. Sa décision devra orienter le gouvernement à ouvrir l’œil, et le bon, pour ne pas succomber à la tentation. Ce qui demeure encore curieux dans cette démarche de Kigali, c’est de choisir la chaire et le micro d’une radio périphérique pour annoncer sa bonne volonté de voler au secours de la Rdc en facilitateur. Jamais pareille procédure n’est consacrée « diplomatique » en relations internationales. Et si c’est une erreur, il n’est pas exclu qu’il y ait une tare d’intox à un certain niveau des maillons de la chaîne.

D’autre part, le ministre congolais en charge des médias devra veiller à ce que personne ne se permette de mettre le feu aux poudres et envenimer une situation qui, sans être minimisée, n’est pas du tout désespérée. Nous apprenons que pour la journée d’hier, les combats n’avaient pas repris entre les FARDC et les membres du Mouvement du 23 mars (M23), composée d’ex-membres de l’ancienne rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Mais les populations sont toujours dans les lieux de refuge, notamment dans des écoles proches de Rutshuru-Centre.

L’Avenir