Scandale à la RVA !LE SÉNATEUR MOISE NYARUGABO ACCUSE
L’actuel Administrateur Délégué Général de cette entreprise était révoqué en 2005 comme ADF par un décret du président de la République, révèle le rapport de la Commission sénatoriale
Me Moïse Nyarugabo, élu des élus de Kinshasa a tenu en haleine ses collègues sénateurs par sa brillante présentation du rapport de la Commission d'enquête de la chambre haute sur la gestion de la RVA. L'enquête découle de la question orale avec débats posée au ministre du Portefeuille par le même Nyarugabo en 2010 et que la plénière avait préféré convertir en Commission d'enquête.
C'est après maintes vicissitudes qu'enfin la Commission est en mesure de présenter son travail. Il s'agit d'un diagnostic sans complaisance de la gestion de la RVA, une entreprise éminemment technique. Sa gestion est qualifiée par la Commission Nyarugabo de calamiteuse.
L'entreprise est administrée en toute opacité sans le moins du monde se soucier des règles de la bonne gouvernance. C'est toutes ces irrégularités que dénonce le volumineux rapport de la Commission. Comme par exemple en ce qui concerne la signature des contrats qui laisse à désirer.
Le cas le plus illustratif est celui du contrat ADPI/KPMG par lequel sieur Jean Assise et ses colistiers ont débarqué à la RVA pour être bombardés des fonctions d'ADG alors que l'enquête du Sénat démontre que ce n'est qu'un ancien militaire qui a travaillé en Libye et qui n'a pas la moindre compétence de gestion d'une entreprise.
On comprend ses gaffes et ses frasques à la tête de la RVA qui avaient provoqué la question orale avec débats de Moise Nyarugabo en son temps. Tous les contrats sont négociés avec légèreté par la RVA. La Commission note pour ce qui est du contrat ADPI/KMPG que pour chaque article des clauses générales, il y a un autre dans les clauses particulières qui le contredit ou le vide totalement de son contenu.
Par exemple si dans les clauses générales, on affirme que le consultant ADPI doit payer l'impôt d'autant de pourcentage, dans les clauses particulières, on affirme que le consultant est totalement exonéré. C'est le coulage des recettes en règle à la RVA avec ces contrats par lesquels les recettes de l'entreprise s'évaporent.
Quant à l'attribution des marchés, la RVA préfère le gré à gré violant la loi en la matière qui impose la procédure d'appels d'offres par la direction de contrôle des marchés afin de contracter avec le meilleur offrant. Le comité de gestion de la RVA est toujours passé outre alimentant ainsi le coulage des recettes.
Autre anomalie : c'est la construction du pavillon présidentiel de l'aéroport de N'Djili à Kinshasa où le seul contrat présenté au Conseil d'administration pour approbation était d'un montant de 11 millions Usd. Tandis que les autres dépenses n'étaient faites que sur base des bons de commande pour un total de 26 millions sur un total de près de 38 millions Usd découlant de la redevance IDEF.
L'entretien de ce pavillon coûte de l'or à la RVA, qui a déboursé 3 millions Usd qui ont été ramenés à 40.000 par mois à ce jour. Au point d'amener la Commission à demander à ce que cette dépense puisse émarger au budget de la Présidence de la République dans la mesure où le seul utilisateur de ce pavillon n'est que le Président de la République qui est une institution. Qu'en est-il de l'IDEF ?
Cette redevance par passager qui a été créée pour financer les infrastructures a été utilisée pour couvrir les charges d'exploitation. Alors que cette redevance est encore problématique du fait qu'il n'y aucun texte qui l'institut.
L'IDEF n'existe pas juridiquement alors que les passagers continuent à s'en acquitter en toute confiance convaincus qu'il servira au moins une bonne cause qui est la réhabilitation des infrastructures. Le montant total perçu jusqu'à ce jour est de 75 millions Usd.
Pour ce qui est des infrastructures, la Commission les qualifie de vétuste, que ce soient les aéroports ou les équipements de navigation pour la prise en charge des aéronefs dans l'espace aérien congolais. Il y a des espaces où l'avion n'est pas pris en charge. Ce qui est grave pour la sécurité aéronautique.
Celle-ci n'est pas du tout assurée. Jusqu'à ce que les 4 zones opérationnelles qui doivent couvrir la RDC seront opérationnelles. Ils le sont déjà pour la ligne Kinshasa-Lubumbashi. Tandis que les autres lignes sont comme un trou noir.
Ce qui a permis au sénateur Moïse Nyarugabo de faire une boutade en disant que c'est vraiment Dieu qui nous protège dans l'espace aérien congolais avec des tours de contrôle moyenâgeuses. La Commission a également évoqué la question du personnel pléthorique de la RVA. Celle-ci aligne 4.577 alors que les postes disponibles ne sont que de 2.600 agents.
Sur ces effectifs de 4.500, la moitié est constituée de cadres de commandement dans un rapport de 1/1. La révélation du jour qui a révolté les élus des élus est celle de la composition de l'actuel comité de gestion avec un ADG qui, selon le rapport avec des preuves fournies par son Président Me Moïse Nyarugabo, était révoqué de la même RVA comme ADF en 2005 pour mégestion, par un Décret du Président Kabila qui est déjà publié au Journal officiel et dont la copie est distribuée aux sénateurs.
Or il se fait que le même ADF est gratifié aujourd'hui, 7 ans après comme actuel ADG de la RVA. Par quel mécanisme? Le sénat demandera des explications au gouvernement sur cette question précise de l'ADG qui était révoqué par le Décret du chef de l'Etat.
D'une manière générale, la Commission déplore tous ces manquements dans le chef des dirigeants de la RVA et estime que le gouvernement ne prend pas ses responsabilités. 35 recommandations sur lesquelles 15 à la RVA et 20 au gouvernement. Pour Léon Kengo Wa Dondo, si ces recommandations n'ont pas d'effet, le Sénat sera dans l'obligation d'interpeller le gouvernement afin qu'il vienne expliquer la raison de son apathie.
Kandolo M
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