Candidat n°11, Etienne Tshisekedi a fait le mercredi 16 novembre 2011 par la ville de Butembo avant de se rendre le lendemain à Bukavu. Des activités du lider maximo et du candidat n°3, Joseph Kabila, arrivé le même jour, le site www.radiookapi.net écrit : Etienne Tshisekedi est arrivé à 11h15 locales au rond-point Transport messagerie au Kivu (TMK) ou place VGH, en provenance de Beni…
« Dans la liste des promesses qu’il a adressées à la foule venue l’écouter figuraient la fin de l’insécurité, la réforme des services de sécurité, de la police, de l’armée et des services des renseignements, la gratuité de l’enseignement primaire et la gratuité des soins pour les personnes du 3ème âge.
Etienne Tshisekedi a aussi promis de s’inspirer du dynamisme de la population de Butembo-Beni pour relancer l’économie de la RDC. Il a assuré à ses sympathisants la victoire de l’opposition le 6 décembre prochain ».
S’agissant de Joseph Kabila, arrivé par hélicoptère au stade Tshaka-Tshaka, le média onusien note : « Dans le discours qu’il a adressé à la foule de ses sympathisants, Joseph Kabila promet de poursuivre les cinq chantiers, et notamment, celui de l’eau, celui de l’électricité, la construction du barrage d’Ivugha, la modernisation de la voirie urbaine, le bitumage de la route Kasindi-Butembo via Beni. Joseph Kabila a également promis qu’avant, pendant et après les élections, la RDC ne connaîtra pas de guerre ».
Ce que, cependant, les médias proches de l’Udps n’ont pas repris - mais que tout le monde a pourtant entendu sur les antennes de « Radio Kivu 1 » le même jour, c’est l’engagement pris par le président national de l’Udps, déjà devenu Président de la République, de faire rattraper à la RDC, à partir du 7 décembre 2011, son retard de cinquante ans d’indépendance.
En une année, souligne-t-il, le Congo va devoir atteindre le niveau, notamment, de l’Afrique du Sud et des Etats-Unis !
Il s’est adressé particulièrement à la communauté Nande, celle-là même qui connaît le temps que prend le travail en profondeur. Si ce n’est pas en une année que l’on peut monter une activité agricole rentable, ce n’est donc pas à une année que l’on peut rebâtir un pays ! Elle a applaudi le mensonge débité !
Et pour cause !
D’abord, l’Afrique du Sud et les Etats-Unis n’ont pas le même niveau de développement. Les indicateurs économiques de 2009 en sont l’illustration : le PIB pour les Etats-Unis est de Usd 14.266 milliards contre Usd 287,2 milliards pour l’Afrique du Sud, soit quatre fois plus au profit des Américains. Le PIB/hab. pour les Etats-Unis est de Usd 46.442 contre Usd 5.685 pour l’Afrique du Sud, soit huit fois plus au profit des Américains.
Autre indicateur économique, et non des moindres puisqu’avec impact direct sur le social : les Etats-Unis comptaient, selon les statistiques de 2007, un réseau routier de 6.465.799 km (dont 4.209.835 goudronnés) contre 362.099 km (dont 73.506 km goudronnés) pour l’Afrique du Sud en 2002. Selon les mêmes statistiques, les Etats-Unis comptaient en 2007 un réseau ferroviaire de 226.427 km contre 20.872 km en 2006 pour l’Afrique du Sud.
Tandis que le nombre d'aéroports, en 2009, sont de 15.095 (dont 5.174 avec pistes goudronnées) pour les Etats-Unis contre 728 (dont 146 avec des pistes goudronnées, en 2007, pour l’Afrique du Sud.
L’indicateur social en termes d’espérance de vie est 75,6 ans pour l’homme et 80,8 ans pour la femme aux Etats-Unis contre 53,5 ans pour l’homme et 57,2 ans en Afrique du Sud.
Pour revenir au continent africain, Etienne Tshisekedi est censé savoir que selon les statistiques du Fmi pour l’année 2010, le PIB place l’Egypte en deuxième position avec Usd 499,3 milliards, le Nigeria en troisième position avec Usd 380,3 milliards, l’Algérie en quatrième position avec Usd 251,7 milliards et le Maroc en cinquième position avec Usd 152,7 milliards.
Or, la RDC, son pays, a un PIB de Usd 15 milliards pour l’année 2011.
« Le relèvement du volume du Budget de l’Etat en ressources propres qui est passé, en réalisation, de 850 millions de dollars américains en 2006 à 1,6 milliards en 2007 pour passer aujourd’hui en 2011 à un budget de 3 milliards et demi », a dernièrement indiqué le Premier ministre Adolphe Muzito.
Lettre des 13 Parlementaires, Cns et Udi…
C’est du chef du gouvernement que l’on a appris que « le Congo disposait en 2006 d’un réseau routier de 150.000 km de routes dont 5% seulement étaient praticables, soit 7.500 Km ; de 7.000 km de voirie urbaine pratiquement inexistante ; de 1.200 ponts de longue portée ; de 16.000 km de voies navigables difficiles d’accès ; de 5.000 km de voie ferrée mal entretenue et de 37 aéroports dont les pistes étaient réputées les plus dangereuses de la région », résultat essentiellement de l’incurie de la gestion des 40 premières années d’Indépendance.
Au demeurant, lorsqu’ils avaient rédigé leur célèbre lettre, les 13 Parlementaires avaient qualifié de négatif le bilan des 22 ans d’Indépendance. Lors de la Cns, le bilan des 32 ans de l’Indépendance avait été qualifié également de négatif. Et lorsque l’Udi Léon Kengo est devenu Premier ministre en 1994 dans le cadre des Accords du Palais du Peuple, son ministre Udi des Finances et de l’Economie, Pr Katanga Mukumadi, avait clairement déclaré qu’ils avaient cru avoir à faire à un bobo, mais c’était plutôt un cancer à l’état avancé !
Et à l’avènement de l’Afdl en 1997, tous les fondamentaux de la politique, de l’économie et du social avaient volé en éclats. Les tentatives de redressement entamées par Mzee Laurent-Désiré Kabila ont été remises en cause par la guerre du 2 août 1998.
Le « 1+4 » a laissé le pays groggy. Les premiers succès enregistrés sous le mandat 2001-2003 de Joseph Kabila, exercé sur une partie du pays pendant que l’autre était sous administration rebelle, ont été annihilés.
En définitive, c’est sous le mandat 2006-2011 de Joseph Kabila que les premiers pas dans le rétablissement de ces fondamentaux se consolident. Les experts de Bretton Woods et de l’Union européenne en font le témoignage.
Et Joseph Kabila, dans la perspective d’un Congo émergent (l’Afrique du Sud compte parmi les pays émergents du continent), est plus réaliste lorsqu’il déclare : « A cet égard, mon ambition n’est rien de moins que l’émergence du Congo comme un pays de référence et à forte croissance, et son accession au statut de puissance mondiale à l’horizon du centenaire de note indépendance ». Mais, il fixe à l’horizon 2020 l’accès du pays au stade de puissance agricole ; l’agriculture étant le fondement du développement. Relevons au passage que la RDCongo dispose d’un parc de 3.000 tracteurs acquis sous Kabila pendant que le Zimbabwe en a 24.000 !
Silence assourdissant
Par quel miracle alors Tshisekedi amènerait-il le PIB de la RDC - qui est de Usd 15 milliards - au niveau de celui de l’Afrique du Sud (Usd 287,2 milliards), soit 191,5 fois plus, et des Etats-Unis (Usd 14.266 milliards), soit 951 fois plus, et cela en l’espace d’une année seulement ?
Certes, il n’y a pas de mal à rêver, et surtout à faire rêver. Mais après qu’il ait passé les 22 premières années de sa carrière politique (1960-1982) à faire instaurer et à consolider la dictature mobutienne, et passant les 21 dernières années (1990-2011) à perturber le processus de redressement politique, économique et social tant qu’il n’est pas aux affaires, de deux choses alors l’une : ou le lider maximo est réellement déconnecté des réalités de son pays, ou il amuse la galerie. Dans les deux cas, il se livre au summum de la démagogie…
Résultat : les forces politiques, économiques et sociales qui lui sont proches ont décidé de couvrir d’un silence assourdissant son discours de Butembo.
Au fait, à une semaine de la fin de la campagne électorale, on ne sait toujours pas où Etienne Tshisekedi, l’Udps et leurs alliés en sont avec le programme de gouvernement. Car, c’est au cours de cette campagne que ce programme doit être rendu public. Preuve, si besoin est, qu’ils ne se sont jamais préparés, depuis 2006, encore moins en cette année 2011, à exercer une alternance crédible. On est de plain-pied dans un schéma révolutionnaire…
MMC
DigitalCongo