Une délégation de six Congolais (tous œuvrant dans le secteur minier) a séjourné durant trois semaines aux Etats-Unis d’Amérique. Hier lundi 14 mai au Centre culturel américain, ils ont fait à la presse nationale la restitution sur la question du trafic illégal des minerais qui se fait à l’Est de la République démocratique du Congo. En même temps ont-ils donné leurs impressions sur ce qu’ils ont vu et constaté au cours de leur séjour américain.

Avant tout, les six membres de la délégation se sont présentés. Il s’avère que dans cette délégation, il y a deux avocats dont l’un est député national de la circonscription de Walikale, un confrère journaliste qui édite un magazine à caractère minier intitulé « MN Magazine » et les trois autres sont de la société civile. Deux d’entre eux sont des femmes.

S’agissant de la question du trafic illicite des minerais en Rdc, la délégation a contacté plusieurs officiels des Usa : les membres du Congrès, le Département d’Etat, la Banque mondiale, l’USAID, l’Institut de la Paix, ... Il y a deux ans et demi, ont-ils dit, le Congrès américain a adopté une loi dénommée « Dodd Frank Act » qui réglemente toutes les questions d’ordre minier, notamment le trafic illicite des minerais. 

Etant donné qu’en Rdc, d’aucuns font le lien qui existe entre l’exploitation illicite des minerais et les conflits interminables, la délégation a dit aux officiels américains que cette loi minière est bonne et interpelle la conscience des dirigeants congolais. Ces derniers doivent nécessairement opérer des réformes notamment en révisant le Code minier.

La loi Dodd Frank a été adoptée depuis deux ans et demi. Mais, jusqu’à présent, le règlement d’application est toujours attendu. Cette loi demande à tous les acquéreurs de signaler l’origine de ces minerais. Car, le trafic illicite des minerais aide énormément à financer des conflits et autres violations des droits de l’homme, notamment les violences sexuelles, les massacres des paisibles citoyens, …

La délégation a insisté auprès des officiels américains afin que cette loi ne concerne pas seulement la Rdc (du moins un de ces chapitres) mais aussi les pays qui lui sont voisins. Comment expliquer par exemple que le Burundi par exemple qui n’a aucun gisement d’or, de cobalt ou de wolframite sur son sous-sol puisse vendre ces mêmes minerais à des tiers ?, s’interrogent-ils.

La conclusion est que ces minerais proviennent nécessairement de la contrebande.

Les mesures d’application se font toujours attendre

La délégation congolaise a plaidé pour que les mesures d’application qui mettent en branle les stratégies d’application de la loi Dodd Frank. Tant qu’elles tarderont à n’être pas publiées, les contrebandiers en profiteront toujours pour se livrer à leur jeu favori. A l’Est du pays, explique l’un d’eux, l’exploitation artisanale de ces minerais est le gagne-pain des milliers des Congolais alors qu’aux USA, elle est considérée comme du loisir. Ils en ont été témoins à Colorado (les mines touristiques). Or, présentement, ils ne savent pas vendre et cette situation les préjudicie énormément. Et cela fait malheureusement l’affaire des contrebandiers.

Selon les membres de la délégation, lorsque les mesures d’application à la loi Dodd Frank auront été rendues publiques, cela va certainement contribuer à l’amélioration de la population, notamment les creuseurs artisanaux qui se comptent par milliers. La délégation congolaise a commencé le séjour américain par la capitale fédérale Washington D.C. Puis, elle s’est rendue à Denver dans le Colorado, à Philadelphia, à San Francisco… Leurs remarques et considérations ont été jugées pertinentes par les officiels américains qui les ont pris à cœur à telle enseigne qu’ils ne tarderaient pas réagir.

D.L./L’Avenir