Avec les violences qui font rage depuis plus de trois semaines dans la province du Nord-Kivu, « il est raisonnable de soupçonner qu’il peut y avoir des intentions cachées », indiquent les missionnaires comboniens qui, dans un éditorial transmis à la MISNA, estiment que la guerre contre les groupes rebelles et la défense des populations civiles réclamées par les récents protagonistes de désertions au sein de l’armée « sont des prétextes fallacieux pour ne pas accepter le déploiement de troupes issues du Cndp (mouvement armé dont sont issus la plupart des soldats mutinés, Ndlr) dans d’autres districts militaires autres que ceux du Kivu, afin de poursuivre leur activité d’exploitation illégale des ressources minérales du Kivu ». 

Le cadre pris en considération par les missionnaires du Réseau Paix pour le Congo s’étend des collines de Mbuzi à Chanzu et Runyonyi, en territoire de Rutshuru, près des frontières de l’Ouganda et du Rwanda, où les affrontements entre l’armée et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M 23), formé par les soldats mutinés) ont provoqué la fuite de 80.000 civils, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr). 

Les rebelles justifient leur décision de déserter les rangs de l’armée et de former leur propre mouvement en arguant de manquements du gouvernement aux engagements qu’il avait précédemment pris. 

Dans leur éditorial, les missionnaires observent que “les différents rapports du Groupe d’experts des Nations unies pour la RDC a dénoncé à plusieurs reprises, l’implication de certains officiers des Fardc (armée congolaise, Ndlr), y compris le « général » Bosco Ntaganda et le « colonel » Makenga Sultani, dans des circuits mafieux liés à la contrebande des minerais du Kivu. 

Ce n’est pas un secret. En plus, tout le monde sait que le commerce illicite de minerais passe par le Rwanda, ainsi que par l’Ouganda et le Burundi, comme rapporté par les rapports cités. 

Les anciens rebelles refusent en outre d’être réintégrés à d’autres districts militaires que le Kivu en raison de la présence dans la région de soldats rwandais restés dans le pays après les précédentes guerres, ce que confirme un rapport de l’Onu encore classé confidentiel, et récemment diffusé par la chaîne Bbc. 

« Il est désormais clair: comme certains mouvements politico militaires précédents, qui ont semé la terreur et la désolation parmi la population congolaise et tué huit (8) millions de personnes innocentes et sans défense, le M 23 aussi a été créé et est soutenu par l’actuel régime rwandais de Paul Kagame. Comme d’habitude, le Rwanda nie, en affirmant que l’instabilité actuelle dans l’Est du Congo est une question du gouvernement congolais et de l’armée congolaise », concluent les missionnaires. 

« Le Rwanda a toujours nié. Mais il a toujours été démenti par les divers rapports internationaux, y compris ceux de l’Onu. Comme l’Ouganda, le Rwanda demeure, en fait, un pion important dans les mains de certaines puissances occidentales et sociétés multinationales qui sont à la recherche de matières premières, notamment minérales, du Kivu », dénonce encore le Réseau Paix pour le Congo. 

 Le Potentiel