L’alerte paraît maximale. La messe dite samedi le 7 janvier à la paroisse Saint Joseph de Matonge par Mgr Albert KISONGA, Evêque auxiliaire de l’archidiocèse de Kinshasa, avait tout l’air des préparatifs d’un coup d’Etat.

Rien qu’à voir la forte présence de quelques gros calibres de l’Opposition et des militants de l’UDPS qui, en pleine homélie, soulevaient les deux doigts mystiques du sphinx de Limete, il ne serait pas osé, de déduire que l’appel à la désobéissance civile et le programme des manifestations envisagées dans les jours à venir n’ont pour but que de renverser les institutions en place.

L’Eglise catholique joue-telle son vrai rôle social pour la paix en RDC ? Bien que sans réponse pour l’instant, néanmoins la question, bien que sous examen, divise l’Archidiocèse de Kinshasa.

Devant plus ou moins une cinquantaine de prêtres concélébrant, Mgr Albert Kisonga, évêque auxiliaire de Kinshasa a organisé une messe à forte connotation politique le week-end, dernier à la paroisse Saint Joseph de Matonge. C’était devant quelques têtes bien connues de l’opposition. Notamment le secrétaire général de l’UDPS, Jacquemain Shabani et plusieurs dizaines de combattants de ce parti qui quadrillaient les abords de la paroisse.

Déjà, l’intitulé de l’homélie de l’officiant principal est évocateur: « Tout pouvoir vient de Dieu mais pas nécessairement son exercice ». Avec comme message clé : « la réhabilitation de la légitimité politique en RDC ».

Dans sa prédication, Mgr Albert Kisonga qui, visiblement aurait reçu les instructions de sa hiérarchie ecclésiastique pour une telle action, par ailleurs plus politique que pastorale, a indiqué, selon notre source qui était présente à l’église, que « dans les conditions normales, le pouvoir politique mérite d’être honoré. Mais dans les conditions actuelles en RDC où le pouvoir s’est installé par la tricherie, il ne mérite pas d’être honoré ».

S’inspirant du pouvoir de Saul dans la Bible, l’orateur du jour a rappelé qu’après l’avoir institué. « Dieu avait vomi Saul pendant l’exercice de son pouvoir ».

Et d’ajouter, « l’autorité actuelle en RDC ne répond plus aux principes de Dieu et ne mérite plus d’être respecté ». Car, a-t-il dit, « cette autorité utilise les lois à ses propres fins, les quelles lois ne méritent plus non plus respect », a encore dit notre source qui prend soin de ailer l’officiant.

Par ailleurs, l’officiant de la messe de la paroisse Saint Joseph de Matonge a déclaré qu’au lieu de « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, César doit savoir rendre ce qui est à Dieu ».

Aussi, a-t-il indiqué que « notre société mérite une autorité exprimant la volonté du bien, mais le pouvoir actuel est un “pouvoir d’oppression et qui ne répond plus à la volonté de Dieu ». Or, a-t-il renchéri, « on ne peut obéir qu’à une autorité juste et aux lois justes ». D’où, son appel à obéir plutôt à Dieu qu’à une autorité injuste.

Revenant sur les déclarations controversées du Cardinal Monsengo sur la présidentielle du 28 novembre dernier, Mgr Albert Kisonga a précisé que l’Eglise de Kinshasa reste solidaire avec son prélat dans sa prise de position sur cette question. Par    conséquent, « l’archidiocèse de Kinshasa comme son cardinal ne prêchera que la vérité et non le mensonge. L’Eglise n’a pas abandonné son cardinal dans ses déclarations. Elle est avec lui », a-t-il martelé. Ce, avant de préciser que comme l’avait dit le cardinal Joseph Malula d’heureuse mémoire, le troisième pasteur de l’Eglise du Congo, Laurent Monsengwo pasinya lui-même « préféra être sacrifié que de sacrifier la justice et la vérité ». 

L’officiant de la mythique paroisse Saint Joseph, qui rappelle le 16 février 1992, a dit que la « politique actuelle en RDC doit être un champ de la charité au lieu d’être un champ des massacres et de bain de sang » ; Qui plus est, l’évêque auxiliaire de Kinshasa ne s’est pas empêché « d’appeler le peuple à ne pas avoir peur de ceux qui tuent la chair mais plutôt de ceux qui tuent l’âme » et de résister jusqu’au bout.

Car, pour lui, « Dieu choisit les dirigeants selon son coeur et les vomit quand ils ne font plus sa volonté ». Or, le pouvoir actuel, a-t-il conclu, ne répond plus à la volonté de Dieu.

Des slogans ont été scandés en pleine messe et devraient être vulgarisés comme: « l’Eglise, c’est mon affaire » en frappant fortement la poitrine. « Le Congo, c’est mon affaire » en frappant fortement la poitrine. Présents dans l’Eglise, les militants de l’UDPS, précise le témoin présent dans l’Eucharistie, ont repris ce slogan à leur manière : « le Congo, c’est mon affaire avec Tshisekedi Wa Mulumba ».

Aussi scandaleux que cela ait pu paraître et comme il fallait s’y attendre, les effets de ces appels à la désobéissance n’ont pas tardé à venir. Au sortir de la messe, les premières victimes de l’agression des combattants de l’UDPS qui ont participé à cette messe étaient les journalistes.

Si ceux de Digital congo et de la RTNC ont réussi de s’enfuir, le cameraman de la RTG@, Serge Kimbila a été copieusement tabassé devant deux prêtres de la paroisse Saint Joseph, a affirmé notre source.

Alors que l’infortuné cherchait à trouver refuge au couvent, les portes lui ont été fermées. « Le sac et la camera dudit cameraman ont été ravis par les agresseurs et remis aux prêtres qui les ont emportés au couvent », à en croire le témoin.

Prof. Kibwe Zantoto/Forum des As