Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Pasteur Daniel Ngoy Mulunda-Nyanga, a fustigé le silence constaté dans tous les milieux politiques et diplomatiques, et même religieux, face aux actes de violences provoqués par les acteurs politiques, autour des élections couplées du 28 novembre 2011.

Selon un communiqué publié lundi à Kinshasa, le président de la CENI a exprimé cette amère critique au cours d'un déjeuner d'aurevoir qu'il a organisé lundi en l'honneur de M. Richard Zink, ambassadeur de l'Union européenne (UE), arrivé à la fin de son mandat en RDC.

Pour Pasteyr Ngoy Mulunda-Nyanga, ce silence inquiète tout observateur épris de justice et de paix soucieux de voir émerger au coeur de l'Afrique un Etat de droit démocratique. Il a également stigmatisé l'usage du mensonge comme arme de compétition par les acteurs politiques congolais. Il a réaffirmé la détermination de la CENI à organiser toutes les élections prévues dans son calendrier, c'est-à-dire d'aller jusqu'aux élections municipales et locales.
M. Zink quittera la RDC après un mandat de quatre ans.

Le président de la CENI a également saisi l’occasion de la réception pour remercier M. Zink pour son implication personnelle dans le processus électoral en RDC, surtout dans sa contribution significative au Basquet Fund géré par le projet PNUD-PACE.

Les élections ne sont plus simplement une affaire de souveraineté nationale par laquelle le peuple se choisit librement ses dirigeants, elles deviennent un des éléments déterminants de coopération internationale et de relations entre les Etats. De ce fait, si elles ne sont pas bien organisées, elles peuvent négativement influencer cette coopération qui peut être bilatérale ou multilatérale. Ngoy Mulunda pense que les élections deviennent maintenant un élément clé qui caractérise, qualifie et définit les relations entre les Etats, mais aussi un instrument qui aide la communauté internationale à définir ses relations et son attitude envers l’Etat concerné et de définir quel type de coopération et d’assistance il faut apporter à ce dernier. « Les élections peuvent ou pas être financées par la Communauté internationale, elles soft désormais un bâton de mesure de cette dernière ». 

Car, poursuit-il, leur présence effective est marquée par l’envoi des observateurs internationaux. Faisant une accolade aux différents rapports de mission d’observation électorale, le président de la Ceni rappelle d’abord qu’une mission d’observation électorale est de deux types. « Une observation à mandat permanent qui observe tout le processus pré et post électoral et une observation dite ponctuelle ou à court terme qui se limite au jour de vote et de dépouillement éventuellement dans le cas de la RDC, jusqu’à la compilation », a-t-il expliqué: Dans le cas de la mission à mandat permanent, renseigne-t-il, les observations préliminaires, soient-elles, devraient prendre en compte toutes les étapes du processus observe avant de tirer une conclusion car, ajoute-t-il, le rôle de l’observation électorale est très importante non seulement pour l’Administration électorale mais aussi pour l’avenir d’un pays. 

« Par conséquent, martèle le patron de la centrale électorale, la mission d’observation doit, être consciente de son rôle dans le concert des nations et surtout dans la stabilité et la consolidation de la paix de l’Etat concerné ou observe. Sa neutralité absolue vis-à-vis de l’Administration électorale, des partis politiques et candidats on compétition doit être exigée par la communauté internationale comme gage de justice et d’équité surtout comme code de bonne conduite pendant l’observation ». « Ngoy Mulunda demande également à la communauté internationale de s’intéresser au financement    des organisations internationales qui se spécialisent dans l’observation électorale car, souligne-t-il, il y a un adage qui dit: « dis-moi qui te finance, Je te dirai le but et les objectifs que tu poursuis ».

Etudiants et chercheurs invités à réfléchir sur le thème : élections et souveraineté des états

Le patron de la Ceni pense que les gouvernants et spécialistes des relations internationales doivent apprendre et approfondir la notion d’ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat quand il s’agit des élections dans les pays qui survivent grâce à l’aide bilatérale et surtout qui dépendent des programmes de la Banque Mondiale of du FMI. « Ngoy Mulunda a également invité le chef de mission de la délégation de l’Union européenne à partager cette réflexion à la veille de son départ de la RDC. Car, indique le pasteur, cette question met quotidiennement en danger l’avenir de la RDC et de sa culture politique. Il fait allusion à l’usage du mensonge et de la violence comme arme de compétition par les acteurs politiques. 

Ngoy Mulunda s’inquiète du fait que les acteurs politiqués congolais se permettent d’alléguer des propos mensongers sans une désapprobation des missions diplomatiques accréditées en RDC. « La communauté internationale aiderait les Congolais en dénonçant le mensonge politique au lieu de l’atténuer en l’appelant rumeur ou à le taire au nom de la courtoisie diplomatique », s’indigne-t-il. Il s’insurge également contre le silence observe dans les milieux politiques, diplomatiques voire religieux quant aux actes de violence électorale qui risquent de compromettre le processus électorale en RDC. Le président de la Ceni promet, par ailleurs, de tenir compte de toutes les remarques contenues dans le rapport de mission d’observation de l’UE. Une attitude saluée par Richard Zink à quelques jours de son départ de la RDC.

Rocco Nkanga/Forum des As