A quel jeu le président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), ci-devant M. Etienne Tshisekedi, veut-il encore jouer quand il recommande aux députés nationaux élus de son parti de boycotter l’institution représentation nationale. Serait-ce la répétition de ses montages des crises artificielles sur la démocratie que saboteraient ceux qui ne sont pas de son bord ? Que dire donc de ces nouvelles crises au moment où semble s’éclaircir la mise en places des nouvelles institutions issues des élections ? 

Première crise : le silence observé autour de la question de participation ou de non-participation, à l’Assemblée nationale, des 42 premiers députés élus de l’Udps en 30 ans d’existence. Deuxième crise : le refus de se reconnaître dans les travaux du conclave de l’Opposition aile-Fatima qui lui est pourtant proche, au motif gravissime pour l’Udps de n’avoir pas été invitée par les organisateurs. Troisième crise : le rejet du nouvel ordre institutionnel issu des élections du 28 novembre 2011 avec, à la tête, Joseph Kabila en qualité de Président de la République élu…
 
Plus s’éclaircit l’environnement politique issu des élections du 28 novembre 2011 - car le mandat renouvelé de Joseph Kabila se confirme pendant que se mettent progressivement en place les institutions parlementaire et gouvernementale - plus s’éloigne la perspective, déjà utopique, d’une présidence de la République animée par Etienne Tshisekedi. Au demeurant, le lider maximo s’est subtilement organisé pour échouer à l’élection présidentielle ; n’en déplaise à ceux qui soutiennent le contraire. Le recul du temps permet, en effet, d’analyser à froid ses faits et gestes pré et post-électoraux comme ceux du jour même du scrutin. Pour rappel, en voici quelques-uns :
 
Avant les élections
 
Dès la désignation de Daniel Mulunda à la tête de la Céni, Etienne Tshisekedi a personnellement lancé la campagne de démolition du Bureau de cette institution.

Le relais sera pris par les combattants de l’Udps avec les fameuses manifestations publiques de chaque jeudi de la semaine pour réclamer l’accès au serveur dont plus personne ne parlera à partir de la campagne électorale.

On constatera d’abord la veille, ensuite pendant la campagne électorale de  retournements incroyables, tantôt avec un Tshisekedi flirtant avec les autres acteurs majeurs, tantôt avec un Tshisekedi les tournant en dérision. Entre-temps, il exercera un management approximatif de sa logistique (affaire location avions et dispatching du matériel électoral). Pire – comme s’il ne voulait pas disposer d’une majorité parlementaire, il refusera, au cours de ses meetings pendant la campagne électorale, de présenter à l’assistance les autres candidats députés nationaux de sa « coalition », s’arrêtant juste à ceux de l’Udps ! Roger Lumbala l’a d’ailleurs relevé dans une interview récente à « Top Congo Fm ».

On peut ajouter sa déclaration d’auto-proclamation en qualité de Président de la République, élection ou pas, suivie du mot d’ordre adressé à ses combattants pour corriger les policiers et les militaires qui tenteront de les empêcher d’ouvrir des prisons pour libérer des collègues ! Bref, tout en sachant que depuis 1960 aucun leader ni parti politique n’a jamais remporté les élections à lui seul, Etienne Tshisekedi a tenté de forcer le destin pour gagner en solitaire. Il s’est planté !
 
Pendant les élections
 
Ayant été préparés vraisemblablement à la contestation de la victoire de tout autre candidat qu’Etienne Tshisekedi, les mêmes combattants semblent avoir reçu deux consignes : trouver partout et par tous les moyens les preuves de fraude électorale, mais surtout les détruire systématiquement. Résultat : le 28 novembre 2011, les Tshisekedistes se sont apprêtés plus à « moissonner » des preuves qu’à veiller véritablement sur le scrutin en qualité de témoin. 

Dans cette « Chasse aux trésors », ils ont saisi des bulletins pré-cochés Candidat n°3 les dans des sacs de femme, les autres dans des charriots, les autres encore dans le coffre de voiture ! Des églises ont été profanées, des résidences privées visitées… Or, les leaders de l’Opposition n’étaient pas sans savoir que la Cour suprême de justice ne pouvait se prononcer sur un éventuel contentieux électoral que sur base des preuves produites par les requérants ! Autre résultat : premiers à dénoncer la fraude électorale à grande échelle, les udépesiens se sont révélés incapables d’actionner les mécanismes du contentieux électoral prévu dans la loi électorale.
 
Après les élections
 
Au contraire, ils se souviendront de la déclaration du lider maximo sur les liens de parenté de Daniel Ngoy Mulunda avec Joseph Kabila et adopteront l’autre déclaration, du même lider maximo, présentant la Cour suprême de justice en instrument au service du candidat n°3, alors qu’en réalité leur parti n’était pas en mesure d’y recourir, faute de preuves…détruites par des combattants chauffés à blanc !

Par deux fois, la planète Monde assistera à une première dégoûtante : celle d’un président de la République prêtant serment devant une cour constituée de quelques membres de l’Opposition radicale et de quelques combattants ; le programme élaboré pour la cérémonie d’investiture ayant prévu l’arrivée des hauts magistrats (les corrompus ?), des officiers supérieurs, des diplomates puis des délégations des pays amis ! Plus que dégoûtante également : celle d’un président de la République autoproclamé et auto-investi qui décide d’annuler les élections législatives, au motif de nombreuses irrégularités constatées, pendant que ce scrutin et la présidentielle ont eu lieu le même jour, aux mêmes heures et dans le même espace !

Il a ainsi validé son élection et contesté celle des députés, conscient de ne pouvoir disposer d’une majorité au parlement. Pourtant, pendant la campagne électorale, il n’a promu que les siens, laissant les candidats de sa coalition se débrouiller eux-mêmes.

Les 42 de l’UDPS et les autres de Fatima
            
Aujourd’hui, voici Tshisekedi face à deux crises internes à l’Udps et à l’Opposition-Fatima. A l’Udps, le leader de ce parti semble incapable de gérer la question de participation ou de non, aux travaux de l’Assemblée nationale, des 42 premiers députés nationaux depuis la création du parti en 1982. Deux de ses proches collaborateurs se livrent à des empoignades à la romaine : Valentin Mubake-le-faucon et Albert Moleka-le-modéré. Candidat malheureux à la députation nationale, le premier soutient l’auto-exclusion des députés qui se rendent au Palais du Peuple. Directeur de cabinet à la « présidence de la République », le second considère qu’à ce stade, on ne peut parler d’exclusion ou d’auto-exclusion dès lors que les instances compétentes du parti ne se sont pas encore prononcées. Un troisième dirigeant fait constater que l’exclusion s’applique plutôt à Kombo Kisi pour flagrance.

Les instances du parti ne peuvent être convoquées que par le président national. Or, ce dernier se mure dans un silence à la limite du mépris. Il observe une grève de voix. Finalement, la crise qui s’installe est de nature à ébranler l’édifice Udps. Sur ces entrefaites, une autre crise prend corps : le refus de l’Udps de participer au conclave de Fatima. Quelles que soient les options levées à l’issue de ces assises, une chose est vraie : le parti du lider maximo s’est déjà estimé non concerné. 

Dans une déclaration rendue publique le 6 mars 1012, il y est clairement dit : « Quant à ce qui concerne la participation de l’UDPS à ce conclave des Forces acquises au changement, le parti n’ayant reçu aucune invitation, aucun membre de l’UDPS, quelle que soit sa qualité ou sa fonction, ne peut ni représenter ni l’engager ». A l’Udps, l’oubli d’envoi de l’invitation est un blasphème. On ne voit dès lors pas comment l’aile Fatima pourra amener l’Udps à s’appliquer ses recommandations et ses résolutions, même en caressant Tshisekedi dans le sens du poil. L’homme a la rancune tenace, disent ceux qui le fréquentent.

Tous les regards tournés vers Kabila, même celui de l’UDPS
  
Les observateurs avertis constatent, toutefois, que l’Udps fait de la crise post-électorale une fixation. A preuve, ce titre du journal « Le Phare » n°4276 du 7 mars 2012 : « Après avoir conféré avec Kabila, Tshisekedi et Kamerhe : La Cenco confirme la crise ». L’Udps s’appuie justement sur la position de la Cenco. Daté du 5 mars 2012, le communiqué de celle-ci a le mérite de la clarté puisqu’il y est rappelé que « Dans leur message de Janvier 2012, les Evêques membres de la CENCO avaient demandé au Gouvernement de privilégier  dans une démarche inclusive la voie du dialogue pour l’intérêt supérieur de la Nation congolaise ».

Réputés pour leur rigueur quand ils veulent bien l’être, les évêques savent qu’il n’existe en RDCongo qu’un Gouvernement. Celui dans lequel se reconnaît Joseph Kabila et qui reconnaît en Joseph Kabila le Président de la République élu. En définitive, tous les regards pour ce dialogue sont tournés vers Joseph Kabila, même ceux d’Etienne Tshisekedi. On suggestionne pour ce dernier le poste de Premier ministre ou de président du Bureau du Sénat, sans pour autant en déterminer le mécanisme de désignation.

Pourquoi alors tant de fixation sur cette crise-là ? La réponse est dans les épisodes politiques du Congo-Zaïre depuis le 24 avril 1990. Chaque fois qu’elle sent venir un dialogue, l’Udps a tendance à se débarrasser des « traîtres » à Sa Cause en même temps que des « alimentaires », question de préserver sa part de quotas. Seulement voilà : la crise post-électorale créée, cette fois-ci artificiellement au niveau institutionnel secrète au sein de l’Udps et de l’Opposition aile-Fatima des crises internes entamer sérieusement les derniers atouts que croit encore détenir le lider maximo.

Pourtant prévisibles puisque perçues bien avant par des analystes désintéressés, ces crises-là sont suicidaires. Elles rattrapent une Udps et un Tshisekedi habitués, depuis une vingtaine d’années, à jongler avec la démocratie, alias « pouvoir du peuple pour le peuple ».
Un pouvoir semblable au couteau à double tranchant…
 
Omer Nsongo die Lema

SOURCE:Digitalcongo