RDC: ELECTIONS
03/10/11 / REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE LUNDI
Les élections de 2011 sont plus que jamais le sujet dominant dans les journaux parus à Kinshasa. Bien qu’officiellement l’on ne soit toujours pas en campagne électorale, il est de plus en plus manifeste que l’on y est déjà en plein.
Elections
L’une des choses qui montrent ouvertement que l’on se trouve de fait, sinon de droit, en campagne électorale, est que l’on commence à afficher les candidats. A côté de l’affichage plus ou moins « sauvage » dans les rues de Kinshasa, au nez et à la barbe de la CENI, qui est surtout le fait du PPRD, on affiche, sous forme de photos ou d’interviews, dans tous les médias. On a eu la surprise, ce matin, de voir pendant plus d’une heure la revue de presse de Radio Okapi accompagnée d’une série de photos deKakese Malela Nicéphore, que ne justifiait guère la mention d’une dizaine de lignes qui l’accompagnait. Ensuite, une seule photo subsista.
Sous le titre : Décalage du calendrier électoral, « La CENI interpellée », L’Avenir note qu’à environ un mois du début de la campagne électorale et deux mois de la tenue des élections présidentielles et législatives en RDC, la CENI doit justifier un décalage qui est constaté et qui est de nature à perturber le calendrier électoral. Pendant que la CENI, compte tenu de son calendrier, devrait invalider et rejeter certaines candidatures déposées en violation des articles 10 et 22 de la loi électorale, au lieu de donner trop de matières à la Cour suprême de justice.
A la CENI, on pense qu’il s’agit d’« incidents mineurs » qui ne vont rien changer au calendrier, surtout que pour la Cour suprême de justice, la priorité était de vider le contentieux des candidats aux élections présidentielles, avant celui des candidats députés.
« CENI, où seraient passés les fonds destinés à la sécurisation des élections ? ». C’est la question que se pose La Prospérité. Ce journal signale que devant les étudiants de l’Unikin, le vendredi 30 septembre dernier, le Rapporteur de cette institution a soutenu que la sécurisation du processus relève du gouvernement. Or, le budget destiné à la sécurisation du processus émarge dans le budget de la CENI.
Africanews rapporte que la justice enquête sur le patron de RLTV dont la chaîne prétendument incendiée « a repris du service sans que le centre d’émission n’ait reçu une quelconque demande de reconfiguration de la demie paire du faisceau supposée endommagée ».
Sous le titre « Daniel Mulunda dans la fosse aux lions » Colette Braeckman publie dans «Le Soir» un article sur la CENI et sur son président. « Si l’on veut comprendre pourquoi le pasteur Daniel Ngoy Mulunda a été nommé à la tête de la Commission nationale indépendante, succédant à l’abbé Apollinaire Malu Malu, il suffit de le voir opérer sur le terrain. A Bruxelles, face aux opposants « Bana Congo », à Kayabayonga un fief des groupes armés dans le Nord Kivu ou dans ses bureaux de Kinshasa, où relever le défi des deuxièmes élections présidentielle et législatives s’avère aussi complexe qu’une campagne militaire. D’abord et avant tout, ce pasteur qui a fondé la « nouvelle église méthodiste » recourt à la prière, à l’exhortation. Il proclame sa foi dans l’avenir du Congo puis fait face au problème et recherche des solutions concrètes, sans avoir peur de mouiller sa chemise. Lors de son dernier passage à Bruxelles, au lieu de fuir les opposants qui le conspuaient, il a invité deux d’entre eux à le rejoindre et à entamer le dialogue. A Kinshasa, en avril dernier, alors que l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) mettait en cause le calendrier électoral, le pasteur s’est rendu à Limete, a rencontré Etienne Tshisekedi et modifié ses plans : « au départ, nous avions prévu d’organiser d’abord les élections présidentielles, puis de réunir les moyens pour organiser, plus tard, les législatives. Au vu des objections de l’opposition, nous avons décidé de coupler les deux scrutins, le 28 novembre prochain. Et aujourd’hui, je peux assurer que le calendrier sera respecté, même si, à cause des contraintes logistiques, le coût des élections a explosé…
…
Le dynamisme du pasteur, son inventivité, sa fidélité à la famille Kabila (ami du père, conseiller du fils) le mènent à la tête de la CENI et aujourd’hui, fort de ses expériences africaines antérieures, Mulunda répète : « la paix et les élections sont des jumeaux inséparables, il nous faut réussir les deux… »
Autant sinon plus qu’en 2006, les défis se multiplient : dans les délais prescrits, 32 millions d’électeurs ont été enrôlés, et à la date du 26 novembre, 19.253 candidats (contre 9000 voici cinq ans) ont été enregistrés pour 500 sièges de députés à pourvoir tandis que dix candidats se présenteront contre le président sortant Joseph Kabila. A ce stade ci déjà, ces élections représentent un tour de force : « j’ai du chercher des moyens additionnels », reconnaît Mulunda, « et c’est l’Etat congolais qui finance désormais 80% du coût des opérations, initialement fixé à 715 millions de dollars. » Faisant jouer ses relations, le pasteur a commandé des kits en Chine, des urnes en Allemagne, des isoloirs au Liban, emprunté du matériel électoral au Togo. Il a affrété des avions pour aller recueillir des données et les centraliser à temps, fait transporter des machines d’enrôlement sur des pirogues et des vélos. D’ici le 28 novembre, 62.000 bureaux de vote seront installés (12.000 de plus qu’en 2006) et 300.000 agents, dûment formés, seront à pied d’œuvre. Dans toutes les circonscriptions, des listes d’électeurs seront affichées et les résultats seront eux aussi immédiatement rendus publics sur les lieux même du vote.
Le pasteur Mulunda n’est pas seul à vouloir relever le défi de la démocratie : lançant une vaste campagne d’éducation civique et électorale, l’Eglise catholique se propose de répartir 30.000 observateurs sur l’ensemble du territoire et sur le plan international, l’Union européenne déploiera une équipe de 130 personnes.
L’équipe du pasteur Mulunda comprend des représentants de tous les partis et le vice président de la CENI, le professeur Ndjoli, membre du Mouvement pour la libération du Congo, le parti de Bemba, se montre tout aussi déterminé : « le processus démocratique n’a que cinq ans, il demeure fragile, et le calendrier doit absolument être respecté. Nous devons aussi construire un partenariat avec l’opposition, imposer la logique de la négociation, sous peine de retourner au chaos. » Dans cet esprit, 250 partis ont déjà signé un « code de bonne conduite » pour assurer des élections pacifiées, mais l’UDPS, le parti de Tshisekedi pose, comme préalable, l’accès au fichier électoral. Mulunda le pragmatique a entr’ouvert la porte au dialogue mais avoue sa surprise : « j’attendais des informaticiens, j’ai trouvé des politiques… »
Observateurs attentifs de l’évolution politique d’un pays dans lequel ils vivent depuis des décennies, les missionnaires membres du réseau « Paix pour le Congo » ont déjà publié une mise en garde prémonitoire : «manifestations réprimées, journalistes brutalisés, bureaux des partis politiques incendiés, mort d’hommes, escalade verbale : tous les ingrédients sont réunis pour une éventuelle dérive. » Sans désigner explicitement l’UDPS, ils assurent aussi que « recourir à la provocation afin de pousser l’autorité à l’erreur est une tactique qui semble être une lame à double tranchant… L’appel à l’apaisement doit être entendu…»
Malgré la mauvaise foi ou les tentatives de sabotage, le pasteur Mulunda, en homme qui en a vu d’autres, -qu’il s’agisse de l’Afrique du Sud, du Liberia, des savanes du Katanga ou des forêts du Kivu-, assure : « de notre travail sortira un Congo pacifié et stabilisé… »
Si cet homme a du savoir faire, il a aussi une foi qui soulève les montagnes
Elections / Interviews
Le Phare et Le Potentiel s’intéressent à l’interview que le président de l’UDPS a accordée au journal belge «Le Soir», peu avant de quitter Bruxelles pour se rendre au Canada. L’interview d’Etienne Tshisekedi par Colette Braeckman y avait pour titre « Etienne Tshisekedi, l’éternel opposant qui croit son heure venue » et commençait par une question et une réponse très révélatrices l’une et l’autre : « Q. : Quelles sont les garanties que vous pouvez donner aux investisseurs ? R.: Depuis l’indépendance, le Congo ressemble plus à une jungle qu’à un Etat…Moi, je parle du Congo de demain, car je sais que le peuple congolais me fera confiance…Partout, dans le monde, on se plaint de l’insécurité qui règne au Congo, on le considère comme un pays où il n’y a aucune loi, aucune garantie… Au Canada, des sociétés comme First Quantum se plaignent amèrement. Je les ai rencontrés, j’ai expliqué que le Congo allait devenir un Etat de droit, où le climat des affaires allait être très positif. J’ai fait un appel pour qu’ils reviennent : le 6 décembre prochain, sitôt que Kabila sera parti, les investisseurs seront invités à revenir… »
(La question des investisseurs et de leurs intérêts était-elle la première à poser dans une interview relative au Congo ? Surtout si l’on sait que le redressement de la RDC ne sera possible qu’à condition de rejeter radicalement le schéma de développement « tout sur les mies », hérité de la colonisation. NdlR)
Le Potentiel titre « Assurances et craintes de Tshisekedi », et rapporte qu’ Etienne Tshisekedi, président national de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a parlé de sa vision de gouvernance, notamment. « Je veux élever le Congo au rang des nations civilisées. Voilà. Bonne gouvernance, Etat de droit, combat contre la corruption, contre les anti-valeurs. Moralisation de la vie politique, car, dans ce pays, c’est du banditisme. Tout cela sera l’aboutissement d’un combat de trente ans. Dieu nous a aidés en nous gardant la force, qu’il en soit maintenant remercié ». Telle est la quintessence de l’interview que le leader de l’UDPS a accordée à Colette Braeckman, interview dans laquelle il exprime ses inquiétudes, mais aussi ses assurances quant au couronnement éventuel de son parcours politique.
Le Potentiel note: «Ce qui frappe en parcourant cette interview c’est ce langage modéré, loin de ce ton dur parfois choquant qui caractérisait les précédentes déclarations du leader de l’UDPS.» À travers cette interview, le confrère découvre un Tshisekedi rassembleur, convaincu que seul, il ne pourra ni gagner ni réaliser ses promesses électorales si jamais il était élu.
Le Phare indique, de son coté, que Tshisekedi a fait part de sa conviction que «les élections présidentielles vont permettre une alternative au Congo», tout en affirmant que le mandat du président Kabila prend fin le 6 décembre prochain. Par ailleurs, il rapporte que le candidat de l’UDPS confirme sa tournée à l’Est, notamment à Kisangani, dans les deux Kivu et au Maniema. Le Phare croit savoir que le retour au Congo d’Etienne Tsahisekedi pourra intervenir autour du 28 Octobre, date du lancement officiel de la campagne électorale.
Un autre candidat également fait parler de lui dans la presse, François Kakese.
La Prospérité, sous le titre « Ni Opposition ni Majorité, voici l’appel de Kakese au changement fondamental », indique que des foules composées de diverses couches de la société congolaise affluent chaque jour au siège du parti de François Kakese, candidat à l’élection présidentiel. Selon La Prospérité, ces personnes apportent «un soutien tous azimuts à celui sur qui reposent désormais les espoirs pour un changement fondamental des Congolais, à partir de la révolution culturelle qu’il prône.»
Le Phare, pour sa part, indique que le président national de l’Union pour le réveil et le développement du Congo (URDC) a expliqué devant un groupe d’étudiants des institutions supérieures et universitaires de Kinshasa qu’ «avec l’alternance, rien ne change car le système politique actuel reste en place. En fait, on ne va changer que le chauffeur mais la voiture reste la même. Or, avec la révolution, nous allons mettre en place un autre système politique que celui dans lequel le chef de l’Etat fait des dons à sa population.»
Simultanément, sur « l’Internet congolais », circule un « papier » de JP Mbelu, dans lequel nous relevons ce passage : « Plusieurs« leaders-politiques-Congolais-nouveau-modèle », candidats aux probables élections de novembre 2011 ont rompu avec la politique d’émancipation dans laquelle l’un des Pères de notre indépendance politique (Lumumba, NdlR) avait immensément investi pour faire allégeance au capitalo-parlementarisme prédateur (des biens et des libertés).
Le fanatisme des uns et des autres à l’endroit de ces « leaders » semble se justifier par l’ignorance entretenue sur les conséquences néfastes de cette allégeance. Mais aussi de la cupidité, de l’attachement au pouvoir pour le pouvoir, de la gloriole et des intérêts personnels aux dépens de l’intérêt général, du manque de patriotisme, etc.
Il est possible que l’issue des élections probables de novembres 2011 jette un minimum de bases d’un Etat de droit chez nous. L’allégeance faite par certains candidats à la présidentielle au capitalo-parlementarisme sème le doute sur cette possibilité. Elle semble annoncer des lendemains d’élections « pièges à cons » très agités.
Les minorités organisées et les Résistants Patriotes ne devraient pas baisser la garde. Ils ont le devoir citoyen de rester vigilants !
Avouons que l’éclosion du régime politique pluraliste dans un contexte de manque de souveraineté politique et économique chez nous a enfermé plusieurs de nos « leaders politiques » dans un système de dépendance (vis-à-vis de l’extérieur) préjudiciable à notre émancipation du néocolonialisme et de l’impérialisme. Il est temps que la politique se fasse autrement chez nous ».
Elections / Candidature unique
Le Palmarès consacre sa manchette à la candidature unique de l’Opposition. Il titre « Tshisekedi-Kamerhe : JP Bemba relance l’espoir ! », et annonce qu’à l’issue de la rencontre avec Bemba, Tshisekedi a accepté de rouvrir la porte des négociations qu’il avait hermétiquement fermée le lundi 5 septembre dernier. Selon ce journal, JP Bemba a usé de tout son poids pour que l’Opposition n’éclate pas en îlots. Le débat en vue de la candidature commune de l’Opposition se trouve relancé. Tout le mérite revient à JP Bemba qui a évité de poser le geste fatal qui aurait enfoncé l’Opposition pour toujours.
Forum des As fait état d’un « Tête-à-tête Tshisekedi-Kamerhe au Canada ». Le confrère constate qu’à deux mois des élections, les ténors de l’Opposition politique semblent sortir de la léthargie qui tentait de les prendre en otage au sujet d’une candidature commune face à J. Kabila. Là où tout indiquait que les majors de l’Opposition partiraient en ordre dispersé aux élections, voilà que des initiatives fusent de partout pour rapprocher les deux camps en présence, celui de Fatima et l’autre dit de Sultani. Les sources contactées par FdA signalent que c’est à l’étape du Canada qu’Etienne Tshisekedi pourrait rencontrer le leader de l’UNC, Vital Kamerhe, dont le départ pour ce pays a été annoncé.
La Prospérité, qui titre « Rencontre avec Bemba, Lubanga et Kengo : Clément Kanku salue le courage de Tshisekedi ! » affirme que Clément Kanku croit dur comme fer que l’opposition politique va aboutir à la candidature commune, pour l’alternance à la présidentielle de novembre prochain. La Prospérité note que dans une conférence de presse tenue au Centre du renouveau à Kinshasa/Lingwala le 17 septembre, Clément Kanku avait expliqué que la démarche amorcée par le président national de l’UDPS rencontre l’assentiment de l’Union pour la notion qui s’est engagée à rapprocher toutes les forces acquises au changement afin d’offrir au peuple congolais une véritable alternance.
(Cette candidature, tantôt « unique », tantôt « commune » qui est un peu comme l’Arlésienne – on en parle toujours, mais sans jamais la voir – est-elle indispensable ? La réponse pourrait être double : mathématiquement, non, mais psychologiquement, oui. La présidentielle à un tour est un jeu de hasard qui tient de la roulette russe. Certes, après une éventuelle victoire de JKK, il sera commode, pour les politiques et les commentateurs, d’en rejeter la responsabilité sur « l’Opposition divisée ». Qu’un commentaire soit facile à écrire ne prouve cependant pas qu’il soit le seul, ni le meilleur possible.
L’idée que « l’Opposition unie ne peut pas perdre » est largement répandue. Or, en Afrique, beaucoup de votes sont des « votes de précaution » : on cherche à voter pour le vainqueur de peur d’être mal vu. Cela joue en général en faveur du candidat sortant, mais il n’est pas obligatoire qu’il en soit ainsi. Il suffit de convaincre l’électeur que l’on va gagner. La candidature unique, dont les mérites ont été inlassablement répétés, pourrait attirer des voix vers ce candidat, perçu comme « vainqueur certain », par le même effet de précaution. NdlR)
Divers
Le Phare rapporte en page intérieure que les armateurs menacent de ne plus desservir les ports maritimes congolais. Le quotidien soutient que cette menace fait suite à un conflit ouvert qui porte sur la lettre de mer provisoire et sur l’agrément des transporteurs du secteur maritime, explique-t-on dans les milieux concernés. D’après lui, le directeur de l’inspection de transport considère que les navires étrangers fréquentant les ports maritimes congolais doivent détenir une lettre provisoire de mer délivrée par l’autorité de son ministère. Alors que, assure le Phare, selon le droit maritime international et congolais, la lettre de mer ressemble au passeport attribué aux ressortissants de chaque pays, comme le titre qui atteste de l’identité d’un navire.
© CongForum, le lundi 3 octobre 2011
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