- Son infortune est d’apparaître en pion majeur pour la reprise en mains du «Dossier Afrique» par les puissances occidentales et servir d’exemple à d’autres opposants africains de la 25èmeheure…
Nouveau président de la Commission de l’Ua, le tchadien Moussa Mahamat a été l’Invite-Afrique de Rfi vendredi 7 juillet 2017. A la question de savoir ce qu’il entend du soutien africain affirmé par la délégation congolaise à la suite des sanctions américaines et européennes en l’encontre de plusieurs officiels de la RDC, l’interviewé répond : «Il faut ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats. Ce sont des principes de base. Parlant des sanctions, je pense qu’à la lumière de ce qui a été fait ces dernières années, personnellement, je doute de l’efficacité des sanctions. Parfois, elles-mêmes aggravent et radicalisent les positions d’un certain nombre d’Etats. Et très souvent, elles impactent beaucoup plus les populations que les personnes en question. La question a été débattue et partant des principes de bases de l’Union africaine, le Conseil exécutif dénonce l’ingérence dans les affaires intérieures»…
Ex-gouverneur du Katanga propulsé du jour au lendemain principal opposant politique à Joseph Kabila sous le leadership duquel, pourtant, il a travaillé assidument une dizaine d’années durant, qui l’eut cru ! L’imaginer damnant le pion à Etienne Tshisekedi, entré dans l’Opposition à l’époque où il portait encore les «pampers» comme il l’a déclaré lui-même, qui l’eut également cru !
Porté effectivement à bout de bras par des puissances occidentales, Moïse Katumbi doit bien se demander intérieurement comment s’est-il fait pousser des ailes au point de planer sur toutes les forces politiques et sociales de l’Opposition radicale, réduisant à leur simple expression des acteurs politiques comme Olenghankoy, Fayulu, Kamerhe, Sessanga, Kiakwama, Vuemba pour ne pas citer Diongo.
Même si comparaison n’est pas raison, L-D. Kabila a tout de même eu un passé significatif de rebelle les années 1970 avant de devenir en 1996 porte-parole de l’Afdl et de conquérir en 1997 le Pouvoir d’Etat. Il n’avait en face aucun concurrent. De même qu’à son décès le 16 janvier 2001, il ne s’est trouvé aucun concurrent au sein de ce qui restait de l’Afdl face à Joseph Kabila, tous les collaborateurs s’étant «défilés», pris de panique devant la tâche délicate d’assurer la succession du Mzee.
Or, Moïse Katumbi, produit de la maison «Pprd-Amp-Mp», s’est «autodéterminé» en étant conscient d’avoir fort à faire avec une concurrence redoutable au sein de l’Opposition. Et son outrecuidance a surpris dans la mesure où l’homme se fout éperdument de ce qui se présente comme un handicap sérieux à sa candidature : être le 3ème président de la République qui soit originaire du Katanga, et encore de façon successive, même si cet espace est aujourd’hui divisé en quatre provinces.
Preuve, si besoin est, qu’il doit eu des assurances solides de la part des puissants réseauxoccidentaux (gouvernements, multinationales, universités, ONGDH etc.).
Sponsoring américain sous-traité par la Belgique
C’est justement là que commence et réside son problème en Afrique.
En effet, à partir du conclave de Bruxelles-Genval à l’origine de la création de «Rassemblement» en juin 2016, il a été observé que cette plateforme a préféré au soutien africain celui des Occidentaux (Européens et Américains). On sait, par exemple, qu’elle n’a pas été pour l’implication de la Sadc ni de la Cirgl dans le comité de soutien à la Facilitation de l’Ua qu’elle a d’ailleurs massacrée dans tous les sens du terme.
Au cours de ces 27 dernières années, jamais «médiation» continentale n’a été aussi tournée en dérision que celle menée par Edem Kodjo. Opposition radicale, ONGDH, médias ont coalisé pour la descendre en enfer. Ni Abdoulaye, ni Brahimi, encore moins Moustapha Niasse n’ont été humiliés comme l’a été le Premier ministre honoraire togolais.
Aussi, dans une interview publiée par «Jeune Afrique» dans son édition n°2918 du 11 au 17 décembre 2016 sous le titre «Kabila, Tshisekedi, Katumbi et moi» et le sous-titre «Les confessions exclusives et explosives du facilitateur Edem Kodjo», le secrétaire général honoraire de l’Oua révèle, parlant du dernier gouverneur du Katanga : «J’entends souvent dire qu’il est ‘l’homme des Américains’. Je l’ignore, même s’il en est notoirement proche. Et dans ce cas, il n’est pas le seul. Son grand frère, Katebe Katoto, que j’ai rencontré à Bruxelles, était un ardent défenseur de la formule du panel et un critique acerbe de la facilitation que je menais, au point que j’ai dû lui dire, les yeux dans les yeux : ‘Moi, Monsieur, je ne suis pas achetable ! ‘. Au cours de cette même rencontre, un membre du G7 s’est levé : ‘Vous, vous avez un mentor qui s’appelle la France, a-t-il commencé. Eh bien, sachez que la RDC, c’est le jardin privé des États-Unis !’. Mon sang n’a fait qu’un tour : ‘Je ne sais pas si vous êtes conscient de ce que vous venez de dire, ai-je rétorqué. À votre place, je ferais tout pour que ça ne sorte pas de cette salle. Sinon l’Afrique entière va se moquer de vous !»…
Le sponsoring américain, sous-traité certainement par la Belgique par l’entremise de Didier Reynders, s’est affiché au conclave de Bruxelles-Genval. On sait que Thomas Pierrello a été à la manœuvre. On sait davantage qu’aussitôt les assises clôturées, une délégation de «Rassemblement» a été remettre au Vice-Premier ministre belge l’Acte de naissance de la nouvelle Opposition et le Rapport final des travaux. Et Didier Reynders a publié la déclaration dans laquelle il a reconnu avoir «reçu ce midi des représentants de l’opposition en République Démocratique du Congo (RDC), qui se sont réunis ces derniers jours à Genval», non sans y engager officiellement son pays. «La Belgique salue le travail de rassemblement effectué cette semaine afin de parvenir à des positions communes de l’opposition », a-t-il affirmé.
Ce sponsoring est certainement devenu un facteur d’attraction pour certains acteurs politiques et certains activistes congolais au point de perturber sérieusement le processus électoral. A preuve, en plus d’avoir réussi à empêcher le Dialogue Mp/Udps et à bloquer le Dialogue de l’Union africaine, Moïse Katumbi, fort du soutien de l’axe Washington-Bruxelles, se laissera ou se fera passer pour inspirateur sinon instigateur des sanctions américaines et européennes à l’encontre des officiels congolais. Dont, plusieurs originaires de l’ex-Katanga. Comme pour préparer une vendetta qui mettra à feu et à sang cette partie du pays lorsque les originaires vengeurs se rentreront dedans et contraindront la sous-région Cirgl à se retrouver avec une énième guerre.
Tradition d’avoir deux fers au feu
Au fait, l’Afrique – qui souffre énormément d’ingérences occidentales dans les affaires des pays membres – a résolu de mettre fin au maternage dégradant. C’est la signification à donner au 29ème sommet tenu à Addis-Abeba avec comme premier message en direction de l’Occident la solidarité affichée à l’égard de la RDC, au cœur des sanctions «katumbiennes».
On sait qu’en novembre 2017, Abidjan accueille le prochain sommet «Union africaine-Union européenne». Le 2ème sommet «Usa-Afrique» étant sujet à caution, c’est l’occasion unique pour l’Afrique, qui en a gros sur le cœur, de dire son fait à l’Occident.
Après tout, des situations comme celles de la Libye, du Mali, du Nigeria, du Niger, du Tchad, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun, de la Somalie, de l’Erythrée, du Soudan, du Soudan du Sud, de la Rca et de la RDCongo, qui impactent négativement l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique du Nord et l’Afrique centrale, sont moins la conséquence de la gouvernance des Africains que celle des ingérences des pays et des institutions de l’axe Washington-Bruxelles, lisez Etats-Unis/Union européenne.
Malheureusement, dans la plupart des cas, il se trouve des Africains comme Moïse Katumbi à jouer le jeu mois par souci de gouvernance institutionnelle que par envie de revanche ou de vengeance.
Il va sans dire qu’avec le «message» envoyé à partir de son dernier sommet à Addis-Abeba, l’Afrique signifie clairement aux «Katumbi» du Maroc à Madagascar, d’Egypte à la Namibie, de la Tunisie à l’Afrique du Sud, du Gabon au Kenya que le temps est révolu de conquérir le pouvoir d’Etat sous le sponsoring ouvert des puissances occidentales. D’ailleurs, celles-ci ont de plus en plus conscience de l’image négative qu’elles projettent sur les populations africaines en leur imposant des leaders fabriqués dans leurs laboratoires.
Cette logique étant évidente, la première victime est sans doute Moïse Katumbi, obligé de réaliser à ses dépens qu’il perd l’Afrique. Il lui sera désormais difficile de bénéficier d’un accueil positif dans les palais africains.
Ayant la tradition d’avoir deux fers au feu, l’Occident, gêné de brandir son champion, doit lui avoir trouvé un «substitut». L’apparition soudaine de Sindika Dokolo pourrait s’expliquer dans ce cadre, bien qu’elle ait tout d’une diversion. Félix Tshisekedi a le malheur d’avoir effarouché l’Afrique.
Aussi, certaines «disparitions» au sein de ce qui reste de «Rassemblement» pourraient signifier un sponsoring plus discret, l’ex-gouverneur pouvant se retrouver en réserve de la République pour la 4ème ou la 5ème mandature.
L’Occident admet intérieurement qu’en parrainant des Opposants de la 25ème heure, issus des Pouvoirs en place à une année ou à deux ans de la fin d’une mandature, il contribue sérieusement à la déstabilisation du processus démocratique en Afrique.
Omer Nsongo die Lema
@omernsongo
(congo30juin.com)
UCDRDC