A moins de trois semaines des élections, le candidat Etienne Tshisekedi a enfin ouvert sa campagne électorale par un meeting à la Place de la Poste au centre-ville de Kisangani. Commencé à 17 h, ce meeting s’est poursuivi jusque la nuit.

Egale à lui-même, le lider maximo a repris la rhétorique qui lui a valu des critiques du gouvernement et des ONG de défense des droits de l’homme après son interview téléphonique sulfureuse dimanche dernier sur RLTV.

Il a soutenu qu’il n’est pas question d’attendre les élections pour considérer que la majorité l’a déjà choisi comme président.  M. Tshisekedi avait déjà martelé cet argument auprès des médias locaux dès son atterrissage à Kisangani « le souverain dans ce pays s’appelle le peuple congolais. Il m’a proclamé président depuis longtemps. Ce n’est pas l’auto- nomination. C’est le peuple congolais, à moins de me prouver le contraire, qui m’a proclamé président de la République. Ma manière d’éduquer le peuple congolais, c’est de l’enlever la peur. C’est ainsi que je l’éduque en disant tel bouffait ceci. Mobilisez-vous pour aller les terroriser parce qu’ils nous ont longtemps terrorisés. Maintenant c’est au tour du peuple de les terroriser aussi ».

Selon des témoins à Kisangani, l’opposant emblématique a lancé des nouveaux ultimatums aux autorités : rétablir dans 24 heures le signal de la RLTV suspendue par le CSAC pour avoir, la première, relayé cette prise de position radicale et libérer d’ici 48 heures, les militants de l’UDPS récemment arrêtés. Faute de quoi leurs camarades sont appelés à les sortir de prisons.

La même menace, dimanche dernier, n’avait été suivie d’aucune action concrète. 

La réaction de la CENI

Le président de la CENI, Ngoy Mulunda, qui a donné une conférence de presse vendredi n’a pas répondu directement à Etienne Tshisekedi. Il s’est contenté de dire qu’il le respectait. Mais il a souligné avoir été lui-même agressé par les militants de l’opposition la semaine dernière en Afrique du Sud où il commandait les bulletins de vote pour les élections.

Daniel Ngoy Mulunda affirme que le niveau de violences, à l’approche des élections, n’est pas tolérable et il en appelle à la CPI « la CENI a l’honneur d’annoncer à la population congolaise qu’elle invite la CPI d’envoyer les observateurs pour pouvoir suivre tous les cas de violations graves qui se commettraient pendant la campagne, pendant les élections et après les élections afin que la CPI fasse son travail. »

 La CENI a également annoncé la création d’un comité de médiation composé de dignitaires religieux, de leaders  féminins indépendants des partis politiques pour faciliter le dialogue depuis longtemps difficile entre les acteurs du processus électoral.

Mise en garde de la CPI à la classe politique

La Cour pénal international (CPI) qui suit de près la situation politique en RDC  entend sévir au cas où l’un ou l’autre des acteurs tomberaient sous le coup des infractions qui relèvent de la compétence de cette Cour. Le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo, a fait savoir que la violence ne sera pas tolérée. La CPI, dit-il, suivra la situation de très près.

Par ailleurs, Pascal Turland, conseiller en coopération à la CPI a précisé que « le bureau du procureur a reçu suffisamment d’informations sur les violences physiques comme verbales commises à l’occasion du processus électoral en RDC. Les discours et les informations qui nous ont été transmis relatifs aux dernières semaines montrent une sorte d’augmentation d’actes de violence. En tout cas, au niveau des discours qui sont tenus par plusieurs parties au processus électoral,  nous voulons tout simplement rappeler le mandat de la CPI, l’existence de la Cour et puis évidement plus largement  le fait que ces actions peuvent constituer des crimes de notre compétence.

C’est un avertissement dans la mesure où des gens seraient tentés de recourir à la violence et à l’exclusion par des discours de haine. 

 


KHAL


Source:DigitalCongo