Unité Centrale de la Diaspora Rdc

Au cours d'une cérémonie haute en couleurs en la Cité de l'Union Africaine ce mardi 20 décembre 2011 à Kinshasa, Joseph Kabila Kabange,élu Président de la République Démocratique du Congo lors des élections présidentielles du 28 novembre dernier, a prêté serment devant de milliers de kinois, les corps constitués de la République dont la Cour Supreme de Justice et les représentants de pays amis.

Prière d'intercession des représentants des confessions religieuses, remise des symboles du pouvoir par les autorités coutumières, discours du Président investi et défilé des forces armées ont constitué les points saillants de cette cérémonie républicaine par excellence.

« Moi, Joseph Kabila Kabange, élu Président de la République Démocratique du Congo, je jure solennellement devant Dieu et la nation :

- d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République ;

- de maintenir son indépendance et l’intégrité de son territoire ;

- de sauvegarder l’unité nationale ;

- de ne me laisser guider que par l’intérêt général et le respect des droits de la personne humaine ;

- de consacrer toutes mes forces à la promotion du bien commun et de la paix ;

- de remplir, loyalement et en fidèle serviteur du peuple, les hautes fonctions qui me sont confiées ».

En 58 secondes, la main droite levée, la main gauche tenant le bout du drapeau national,  le vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 a prononcé le mardi 20 décembre 2011 la formule prévue à l’article 74 de la Constitution pour le serment d’investiture. Il l’a fait devant la Cour suprême de justice (Csj) – toutes sections réunies et faisant office de la Cour constitutionnelle - en son audience publique et solennelle avec à l’ordre du jour un seul point : l’investiture du président élu, basée sur la prestation dudit serment, conformément à l’arrêt n°RE 007 du 16 décembre dernier. Lieu choisi : l'esplanade de la Cité de l'Union africaine, à Kinshasa/Ngaliema.

Pour mémoire, l’office a été codirigé par le 1^er président de la Csj et le Procureur général de la République.

Evidemment, la partie judiciaire a épuisé toute la procédure prévue à cet effet, entendez l’ouverture des bancs, la lecture de l’extrait de rôle, la lecture du réquisitoire, l’acceptation du réquisitoire et la prestation de serment proprement dite, suivie immédiatement des félicitations de la Csj et de la remise ses symboles du pouvoir. Pour l’autorité judiciaire, il s’agit notamment de la Constitution.

L’autorité coutumière a remis les symboles du pouvoir au nouveau président

Associée elle aussi à la cérémonie à cette étape, l’autorité coutumière a procédé, elle aussi, à la remise des symboles de son pouvoir par le biais des délégués de chacune des onze provinces du pays. Sont passés devant le Chef de l’Etat les chefs coutumiers du Katanga, du Bas-Congo, du Bandundu, de l’Equateur, du Kasaï Occidental, du Kasaï Oriental, de Kinshasa, du Maniema, du Nord-Kivu, de la Province Orientale et du Sud-Kivu.

Les princes des églises ont prié pour le Congo

Mais, la séance judiciaire a été précédée, elle-même, de la séance de prière interreligieuse avec des mots de bénédiction émanant de Mgr Pierre Marini pour les Protestants, de l’abbé Donatien Shole pour les Catholiques, du révérend Delphin Elebe Katalayi pour les Kimbanguistes, de sheik Abddala Mandala pour les Musulmans, de Mgr Jacob Banza pour les Orthodoxes, de la colonelle Ngwanguila pour les Salutistes, du révérend Bravo Jacob M. pour les Eglises de réveil et de l’évêque Simon Nzinga pour les Eglises indépendantes. Tous, indistinctement, ont intercédé pour le chef de l’Etat, sollicitant de Dieu une grâce particulière pour lui et sa famille, mais surtout l’exhortant au bon choix des collaborateurs.

Réappropriation du destin politique national par le souverain primaire

Outre la prestation du serment, l’événement du jour a été, bien entendu, le discours de circonstance. Après les civilités d’usage ayant consisté à remercier aussi bien les invités, le peuple congolais que sa propre famille – à commencer par son épouse Olive Lembe Kabila qui l’a efficacement accompagné pendant la campagne électorale, le Président Joseph Kabila a mis l’accent sur le caractère particulier de la cérémonie : la fin d’une époque où l’alternance au pouvoir ne dépendant pas des urnes. Désormais, l’accès à la fonction présidentielle doit s’opérer par voie démocratique. Autre fait : la fin d’une époque où le financement du processus électoral était tributaire de la générosité extérieure. Désormais, le pays doit recouvrer sa souveraineté dans ce financement. Ceci est d’autant vrai que le gouvernement a débloqué 95 % des moyens financiers requis pour sa tenue. « L'investiture de ce jour marque la fin d'une république ou l'alternance politique se faisait avec le gouvernement d'union nationale et le financement des élections par la communauté internationale». Il y a là un motif de dignité pour le Congolais.

Hommage à la maturité politique du peuple congolais, aux victimes de l’intolérance et aux forces de sécurité

Le président Kabila a rendu "un vibrant hommage au peuple congolais pour la maturité politique, l'ordre et la discipline dont il a fait montre depuis le début du processus électoral, jusqu'à ce jour".

"Vous avez été appelés à choisir entre d'une part les promesses chimériques sur fond de discours incendiaires, et d'autre part la perspective de la consolidation de la paix et la stabilité, la poursuite de la reconstruction du pays et la crédibilité du projet de sa modernisation. Vous avez opté pour la continuité et l'oeuvre grandiose commencée à mon initiative", a-t-il ajouté. Il a également rendu hommage "aux victimes innocentes de l'intolérance politique et des discours d'incitation à la haine et à la violence de certains acteurs politiques" eta félicité les forces de sécurité qui ont "dans des conditions particulièrement difficiles fait preuve de patriotisme et de professionnalisme, avant pendant et après le scrutin".

Félicitations aux institutions de la République et encouragements à la CENI

Il a, en plus, félicité les institutions de la République, chacune pour sa contribution, dans l’exécution des tâches dévolues dans le cadre des élections. Ses félicitations, il les a aussi adressées à la Céni qui, en dépit de quelques ratages consécutifs à sa première expérience, a tenu sa promesse. Il l’a encouragée à conclure de façon crédible les échéances restantes, conformément à son calendrier.

La révolution de la modernité, un programme de développement ambitieux pour la RDC

L’autre partie du discours d’investiture du Président Joseph Kabila s’est appesantie sur  les grands axes de son projet de société intitulé « la révolution de la modernité » avec pour objectif ultime de faire du Congo un Etat émergent et compétitif.

Pour ce faire, il faut au pays « économie forte, dynamique, compétitive moins dépendante d’un seul secteur », une économie dont l’extraversion doit absolument être réduite. Il annonce aussi un « plan général d’industrialisation pour la promotion des PME » qui sera accompagné des crédits et des micro crédits pour les projets des entrepreneurs congolais.

Joseph Kabila compte ainsi permettre à la RDC de retrouver ses « parts de marché perdues à l’échelle internationale et sa place parmi les plus grands producteurs de café, cacao, coton, huile de palme ». «Grâce à la révolution de la modernité, la RDC entend dépasser son niveau de production des années 70 », martèle-t-il. A cet effet, Il promet de poursuivre la rigueur dans la gestion des finances publiques, d’améliorer le climat des affaires pour attirer les investisseurs, d’ «améliorer l’aménagement et l’équipement du territoire national et d’offrir un meilleur cadre de vie aux populations urbaines et rurales. Mieux protéger les propriétaires et faciliter l’accès aux crédits bancaires ».

Le numéro un congolais a  promis aussi d’initier une «réforme profonde du secteur minier » notamment en révisant certaines dispositions du code minier congolais et d’interdire progressivement l’exportation des minerais à l’état brut. Le Congo, a-t-il clamé, n’a pas pour vocation d’être un supermarché pour le reste du monde.

Amélioration du social des congolais

Le gouvernement se montrera soucieux de la vie sociale du Congolais par « la création d’emploi, la couverture sanitaire en multipliant la construction d’hôpitaux et de centres de santé ».

Il s’engage à poursuivre les chantiers de l’eau et de l’électricité entamés lors de sa précédente législature. A ce sujet, Joseph Kabila insiste sur « l’amélioration de la desserte en eau et en électricité dans les villes comme dans les campagnes en améliorant les capacités du barrage hydroélectrique d’Inga » et le système d’adduction d’eau dans les villages.

Dans le secteur éducatif, le président Kabila compte mettre en place une politique pour réduire le taux d’analphabétisme et accorder les bourses d’études pour les cycles secondaire et universitaire.

Joseph Kabila, Président de tous les congolais

« Président de tous les Congolais, je reste fidèle à mon esprit d’ouverture traditionnelle. Je suis convaincu qu’ensemble, déterminé et motivé, nous ne pouvons que relever le défi de l’émergence de notre pays. Je travaillerai donc avec tous les compatriotes qui ont la passion du Congo et veulent travailler à la modernisation du Congo parce qu’au service de la patrie, il n’y a point de camp politique. Seuls comptent la compétence, le patriotisme et la bonne volonté », conclut-il.

Suivi du défilé des troupes, ce discours de circonstance lui a pris une trentaine de minutes.

Il est à noter que la cérémonie d’investiture a été rehaussée de la présence du Président zimbabwéen Robert Mugabe, du Vice-président de l’Assemblée nationale de la Rca, des Premiers ministres du Gabon, du Rwanda, de la Tanzanie, du Maroc, du Togo et de la Namibie, du ministre d’Etat du Congo-Brazzaville, des ministres des Affaires étrangères de l’Afrique du Sud, de l’Angola et du Tchad, des ministres de la Défense de Mozambique et des Ressources en eau de l’Egypte ainsi que des ambassadeurs de Cuba, de la Russie, de la Belgique, de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de la Chine, de la France, du Brésil, de l’Inde et du Représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu, outre les membres des institutions de la République présents dans la capitale.

Un déjeuner a été servi aux invités au restaurant de la Cité de l’Union africaine ; des manifestations festives ayant été programmées partout au pays.

Omer N’Songo/Okapi/AFP/MSI