Après des élections voulues démocratiques, transparentes et apaisées par tous les Congolais, les yeux sont à ces jours rivés vers la CENI. Ces élections ont été démocratiques parce que tous les Congolais en âge de voter y ont pris part, à l’exception de quelques problèmes constatés çà et là. Elles ont été transparentes, surtout que la Communauté internationale a mobilisé un nombre impressionnant d’observateurs. Sans oublier que les partis politiques se sont efforcés d’envoyer les témoins qui sont en quelque sorte les yeux et les oreilles de leurs partis politiques.

Elles ont aussi été apaisées, à l’exception de quelques cas de violence constatés dans certaines provinces, où du reste la situation est revenue à la normale. Mais avant d’aller tout droit vers la publication des résultats provisoires du vote le 06 décembre prochain, reconnaissons quand même que la tâche de la CENI n’a pas été du tout facile, surtout qu’elle devait faire tout en tenant compte d’un calendrier qui était très serré.

Au-delà de ce calendrier, il faut aussi noter la pression exercée tant par le Gouvernement, le peuple congolais que la communauté internationale. Le Gouvernement qui avait mobilisé tout le financement exigé, ne voulait même pas que la CENI évoque un quelconque report des scrutins. Le peuple congolais, le seul arbitre professionnel, n’attendait que ce jour afin de sanctionner certains responsables qui n’avaient pas répondu à ses préoccupations. De son côté, la Communauté internationale, en sa qualité de gendarme international, voulait que tout se passe comme convenu, au profit du peuple congolais.

Toutefois, reconnaissons quand même que les élections de 2011 se seront déroulées dans un contexte plus particulier que celles de 2006. En 2006 en effet, le pays venait à peine de sceller sa réunification, dans un pays où le dernier recensement de la population a eu lieu en 1984. Au-delà des poches d’insécurité, il fallait aussi compter sur un pays dont les infrastructures routières n’ont pas été réhabilitées depuis des lustres.

Et pourtant, en 2011 les choses semblent être facilitées pour la CENI, qui n’a pas eu pour autant un moindre travail. Les 5 chantiers ont été mis en marche, ce qui a quand même facilité le travail de la CENI. Il ne fait pas aussi oublier d’épingler l’importance de la coopération bilatérale, qui a permis que l’Afrique du Sud, l’Angola, le Congo d’en face lui viennent au secours.

En réalité, ce qui est important à ce jour est que le peuple est allé aux élections. Ainsi, peu importe de petites imperfections inhérentes à toute jeune démocratie. Voilà qui pousse Lambert Mende à dire que « les irrégularités ne peuvent pas influer sur l’acception des résultats, dans la mesure où elles sont gérées conformément aux lois du pays, notamment la loi électorale. » Et d’ajouter « toutes les forces politiques, qui estimeraient qu’il y a eu des irrégularités, ont toujours la possibilité de recourir à la justice comme le prévoit la loi », a-t-il poursuivi à radio okapi. Pour lui, avec l’organisation de ce double scrutin, le défi a été relevé de la meilleure façon. « Nous avons, certes, enregistré quelques points chauds ci et là, au Katanga, à Mbuji-Mayi et même à Kinshasa, mais qui n’ont pas remis en cause le processus lui-même », a reconnu Lambert Mende.

Kabila favori !

Au-delà de tout ce qui vient d’être dit, il est important de mentionner que l’attention de tous les congolais est à ce jour focalisée sur la publication provisoire des résultats des urnes. Une publication qui interviendra, selon le calendrier de la CENI, le 06 décembre prochain. Déjà, selon des résultats provisoires compilés par certains bureaux de vote tant à Kinshasa qu’à l’intérieur du pays, l’actuel Chef de l’Etat et candidat à sa propre succession serait favori. Et ce, au détriment de ses concurrents.

Ainsi, toujours selon les bureaux de vote dont les résultats sont affichés ainsi que certaines chaînes de télévision qui affichent déjà certaines tendances, l’actuel Chef de l’Etat aurait amélioré son score dans certaines provinces jadis réputées bastion de l’opposition.

Parmi ces provinces, on annonce la ville province de Kinshasa, l’Equateur, le Bas-Congo, etc. Une évolution qui contraste avec celui de 2006 où il avait récolté 14,7 % à Kinshasa, 13,9 au Bas-Congo, 11,4 au Kasaï Occidental, 2,6 au Bandundu et 1,8 en Equateur. Comme pour dire qu’à l’Ouest de la Rd Congo, il ne l’avait emporté dans aucune circonscription et il n’avait recueilli qu’un peu de voix.

Dans une carte des résultats du premier tour de l’élection présidentielle en Rdc élaborée par Léon de Saint Moulin et Eléonore Wolff, les deux chercheurs avaient justifié ceci par le fait de ne pas avoir appris le lingala et de ne jamais avoir établi la moindre continuité avec la Conférence Nationale Souveraine pour laquelle l’Ouest s’était particulièrement engagé est sans doute à la base de cet échec cuisant.

Et pour conclure, les deux experts ont constaté que la population a dans l’ensemble fait preuve de maturité politique, plus que les politiciens. Elle n’a en général pas dispersé ses voix sur des candidats qui n’avaient pas de chances de l’emporter. C’est sans doute le fruit d’un travail considérable d’éducation civique réalisé dans la plupart des circonscriptions.

« On peut aussi espérer que la population sera la grande gagnante et cela supposerait que les partis se démocratisent, que les discussions politiques à la base ne soient pas de simples relais des décisions prises par les dirigeants supérieurs, mais abordent déjà avec liberté les problèmes généraux et préparent l’élaboration des stratégies qui seront adoptées par les cadres et les organes nationaux ».

Accepter les résultats des urnes

Serons-nous prêts pour le camp de Joseph Kabila ou de celui d’Etienne Tshisekedi à accepter les résultats des urnes ? C’est l’effort auquel tous les congolais sont obligés de faire, si on ne veut pas que le pays ne sombre de nouveau dans les troubles et désordres postélectoraux comme il a été le cas ailleurs. Car, à quoi vont servir les troubles, si et seulement si elles auront comme conséquence de faire reculer le pays. Un pays dont la santé n’est pas du tout reluisant dans tous les classements. Que ça soit celui de la Banque mondiale, Doing Business ou Pnud.

L’Avenir