La population s’apprête à accueillir ce 25 octobre le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps), en provenance d’Afrique du Sud après son long périple euro-américain. Comme autrefois lorsqu’il avait pris l’option de rentrer au pays en passant par la province du Katanga après son premier périple euro-américain, Étienne Tshisekedi voudrait récidiver en transitant, cette fois-ci, par Kisangani, chef-lieu de la province Orientale.
Après une longue tournée l’ayant conduit dans plusieurs capitales occidentales (Bruxelles, Londres, Stockholm, Berlin, Ottawa et New York), il entend réserver à la population boyomaise la primeur de la restitution de sa tournée euro-américaine. Le choix porté sur cette ville, à en croire certaines indiscrétions, tiendrait à sa volonté de réconforter moralement les membres de son parti établis dans cette partie du pays dont plusieurs gardent encore les traumatismes des violences subies du fait de l’activisme des rebellions et autres milices qui écument la région. À Bunia, Beni, Butembo, Goma, Bukavu et Kalemie, l’effervescence est déjà perceptible à l’idée que le Sphinx de Limete mettra à profit son passage à l’est du pays pour sillonner les différents districts dont l’Ituri afin d’évaluer les besoins de la population.
À trois jours du lancement officiel de la campagne électorale, le séjour d’Étienne Tshisekedi dans cette partie du pays revêt une importance stratégique. Il pourra ainsi tester son discours de campagne auprès d’une population qui garde de lui une image plutôt tronquée, bâtie sur des préjugés. Outre la restitution de son périple euro-américain, le leader de l’UDPS tentera de s’expliquer notamment sur les raisons de ses accointances avec le Rwanda dans le cadre de l’Alliance pour la sauvegarde du dialogue intercongolais ayant regroupé fin 2002 des partis politiques et mouvements non signataires de l’accord de Sun City.
Face à la population de l’est qui ne lui a jamais pardonné un tel rapprochement négocié dans la foulée de l’agression rwando-ougando-burundaise de triste mémoire, Étienne Tshisekedi tentera, sans doute, de convaincre sur la pertinence de ce geste historique toujours mal perçu dans une certaine opinion. Il sait qu’il est attendu notamment sur cette question dont se servent ses détracteurs pour nuire à son penchant nationaliste.
L’occasion sera également belle pour le virtuel challenger de Joseph Kabila à la présidentielle de novembre d’esquisser un pan du projet de société dont il est porteur. Un projet fondé sur la restauration de l’autorité de l’État, la bonne gouvernance par la lutte contre la corruption et les antivaleurs, l’assainissement du cadre économique et social, etc. Pour maints observateurs, la tournée d’Étienne Tshisekedi à l’est du pays longtemps perçu comme le « fief kabiliste » autant que le Katanga, lui servira de baromètre dans l’évaluation de son envergure nationale. L’homme, pense-t-on, aura à capitaliser les rancœurs de la population face aux promesses non tenues de pacification et de neutralisation des forces négatives ayant alimenté, en 2006, la campagne électorale de l’actuelle majorité.
Sur place, des dispositions particulières sont prises pour garantir la sécurité de l’ex-opposant historique au maréchal Mobutu qui se fera accompagner, lors de cette visite, par quelques cadres de l’UDPS ayant postulé à la députation à Kisangani. Des fauteurs de troubles seraient aux aguets, prêts à perturber le séjour du Sphinx de Limete à Kisangani.
Alain Diasso