Tous les meetings ont été interdits après la mort d'un homme samedi à Kinshasa au dernier jour de la campagne pour les élections présidentielle et législatives de lundi en RD Congo, faisant craindre un regain de tension et de violences à 48 heures du scrutin.

"Nous avons décidé d'interdire tous les rassemblements", a annoncé samedi à l'AFP le chef de la police de la capitale, le général Jean de Dieu Oleko, selon qui au moins un homme est mort samedi près de l'aéroport de Kinshasa, victime d'un jet de pierre à la tête.

"Il y a eu mort d'homme", a-t-il affirmé à l'AFP depuis l'aéroport où était attendu l'opposant Etienne Tshisekedi.

"C'est de l'intolérance politique. C'est la seule façon pour eux (le pouvoir en place, ndlr) d'étouffer l'expression du peuple. Nous n'allons pas nous laisser faire", a immédiatement réagi à l'AFP Jacquemin Shabani, le secrétaire général de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de Tshisekedi.

Au dernier jour de la campagne électorale en vue de la présidentielle et des législatives, MM. Kabila et Tshisekedi avaient prévu de tenir leurs derniers grands meetings dans la capitale.

Quelques incidents s'étaient déjà produits dans la matinée.

Selon un journaliste de l'AFP, deux personnes ont été blessées par balle aux jambes autour de l'aéroport, apparemment par la police, dans des circonstances non élucidées, lorsque des militants de l'UDPS ont lancé des pierres contre le convoi vide du président Kabila qui venait d'arriver sur les lieux.

La police a également dispersé avec des grenades lacrymogènes des militants de l'UDPS qui commençaient à se rassembler sur l'avenue et la place prévues pour la dernière harangue de M. Tshisekedi.

La journée avait pourtant commencé dans un climat relativement serein.

Après avoir sillonné le pays, Etienne Tshisekedi, 78 ans, leader de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), devait rentrer samedi matin dans la capitale.

La veille son parti avait battu le rappel par texto pour aller l'accueillir à l'aéroport: "Ce sera comme l'entrée de Jésus à Jérusalem! Cardiaques s'abstenir!", annonçait l'UDPS.

La tension monte petit à petit

A l'aéroport, quelques milliers de partisans l'attendaient toujours en milieu de journée dans une chaleur lourde.

Petit à petit la tension est montée. A l'arrivée du gouverneur de Kinshasa, pro-Kabila, André Kimbuta, avec escorte de motards, les premières pierres ont volé.

Puis l'arrivée d'un petit détachement de la police militaire armé de mitraillettes a provoqué la colère des pro-Tshisekedi qui ont été repoussés avec des grenades lacrymogènes.

Tshisekedi, le "candidat n°11" devait théoriquement rassembler ses partisans pour son dernier meeting sur un boulevard et une place non loin du stade des Martyrs où le "candidat n°3", Joseph Kabila, avait prévu d'organiser le sien. Lui aussi en province devait regagner Kinshasa dans la journée.

Comme à l'aéroport, le face-à-face n'a pas tardé sur le Boulevard triomphal et la place du Cinquantenaire. Alors que des camionnettes blanches bondées déversaient des flots de partisans de Tshisekedi, la police a rapidement tiré des grenades lacrymogènes pour disperser la foule, a constaté l'AFP.

Au même moment, des militants pro-Kabila continuaient de converger tranquillement vers le stade des Martyrs.

De son côté, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) était engagée dans une course contre la montre pour organiser le scrutin de lundi.

Déjà accusée d'avoir pris un gros retard, elle a même eu la météo contre elle jeudi: une trentaine d'avions et d'hélicoptères qui devaient transporter les bulletins de vote à travers le pays sont restés cloués au sol.

Mais, vendredi, elle a promis que la date du scrutin serait maintenue.